Anonyme [1650], LA POLITIQVE SICILIENNE, OV LES PERNICIEVX desseins du Cardinal Mazarin; Declarés à Monseigneur le Duc DE BEAVFORT de la part de toutes les Prouinces de France. , françaisRéférence RIM : M0_2817. Cote locale : A_9_26.
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A-il contenté comme il auoit promis, les Suisses, qui lassez
de ses belles promesses sans nul effet, ont encore enuoyé
de nouueau vers sa Majesté pour sçauoir absolument s’il
faut qu’ils se retirent, puisque le Cardinal Mazarin se mocque
absolument d’eux, qui n’ont pas aduancé pour le seruice
de la France moins de dix à douze millions, sans que le
Cardinal leur en veuïlle rendre vn sol que par parole, voulant
par ce moyen perdre les meilleures troupes qui soient
dans le Royaume, aussi ne trauaille-il visiblement qu’à sa destruction.
L’Escurie du Roy qui deuroit estre remplie de cent bons
cheuaux pour le moins, auec vingt ou vingt-quatre pages,
& les palefreniers necessaires ; ne se trouue-t’elle pas maintenant
reduite à quinze ou vingt mazettes, à six pages, & à
quatre ou cinq garçons d’escurie, dont la pluspart sont tous
nuds & sans porter les couleurs, sans que l’on donne mesme
vn grain d’auoine à ces cheuaux, cependant que l’insolent
Ministre engraisse fort bien les siens ; fait bastir des Colleges
& des beaux Palais à Rome, & paye bien son monde
de l’argent qui deuroit entrer dans les coffres du Roy, faisant
passer la maison de sa Majesté pour la plus pauure du
Royaume, pour faire trop esclatter la sienne : Car iamais le
peuple n’a esté si foulé qu’il est à present, ny l’armée si mal
payée, ny les coffres de l’Espargne si vuides, parce que cet infame
fait remplir ceux qu’il a à Venise, à Rome & ailleurs.
Le Cardinal Mazarin en ne payant pas l’armée, fait comme
l’on dit d’vne pierre deux coups, ou plustost trois, pour
le seruice du Roy d’Espagne ou pour son interest particulier ;
sçachant bien qu’il faut que l’armée viue il ne la paye
pas, afin qu’elle rauage par tout où elle va, & ainsi il nous
fait la guerre pour l’Espagne, afin de garder cet argent pour soy,
& afin de donner lieu à l’armée d’Espagne de prendre sur
nous tous les aduantages qu’elle voudra.
Demandons luy vn peu où est tout l’argent qu’il a pris depuis
qu’il est r’entré dans Paris apres la paix faite ? ie me
Anonyme [1650], LA POLITIQVE SICILIENNE, OV LES PERNICIEVX desseins du Cardinal Mazarin; Declarés à Monseigneur le Duc DE BEAVFORT de la part de toutes les Prouinces de France. , françaisRéférence RIM : M0_2817. Cote locale : A_9_26.
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