Le Frondeur bien intentionné aux faux Frondeurs.
SI vos veritables sentimens étoient aussi genereux
que le sont ceux que vous publiez, rien n’auroit
pû me separer de vos interests, ny rompre l’attachement
que i’auois à vostre conduite, de laquelle le bien
public & la gloire qu’on pretend des bonnes actions
paroissoient les seules causes.
Mais comme vous venez de me faire cognoistre
qu’vn peu trop d’ambition & de desir de vengeance
sont les motifs qui vous font agir, ie me suis lassé de
seruir à vos passions ; & apres auoir penetré que le restablissement
de l’Estat, dont vous parlez à tous moments
n’estoit qu’vn honneste pretexte de ce que
vous proiettez pour vos aduantages. I’ay crû que ie
serois coupable, si pour fonder vostre fortune i’ay dois
plus long-temps à détruire la publique.
Vous ne deuez donc pas trouuer estrange que ie me
separe de vous, que j’instruise le monde qui ma tousjours
vû si étroitement vny à vostre conduite, des raisons
que i’ay de m’en éloigner, & que pour le bien du
public auquel ie me suis entierement deuoüé ; Ie détrompe
les peuples de cette erreur, qui les soûleue en
vostre faueur ; Que vous vous immolez pour leur repos,
& que tous les intrigues & embarras où vous jettent
vos affaires, n’ont point d’autre but que leur soulagement
& leur liberté.
C’est en effet ce que les peuples ont crû iusques à
Sarasin, Jean-François [?] [1651],
LE FRONDEVR BIEN INTENTIONNÉ AVX FAVX-FRONDEVRS. , français
Référence RIM : M0_1451. Cote locale : B_19_27.