Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
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Majesté, tenant à ses costez le Roy & Monsieur le Duc
d’Anjou ; & comme si ce n’estoit pas assez de persecuter
les viuans, sans estendre encore sa cruauté jusques sur les
morts, l’on m’adjousta que ces mesmes gardes estans entrez
auec plus de violence & moins de respect dans la
Chapelle du Chasteau, où estoit le corps de la petite Mademoiselle
de Dunois, en attendant qu’il fust apporté
aux Carmelites de Paris, lieu de ma sepulture, ils auoient
tenté plusieurs fois inhumainement d’en rompre le cercueil,
chassé les Prestres qui prioient auprés du corps,
esteint les flambeaux allumez tout alentour, leué les ais
de la Sacristie, profané les Autels, & foüillé jusques dans
le Tabernacle, pour satisfaire à la rage & à l’auarice du
Cardinal Mazarin, qui n’estant pas pleinement rassasiée
des tresors du Roy, du bien des Princes & des particuliers,
voudroit encore mettre sa main sacrilegue sur le
bien de Dieu & de son Eglise.

 

Au recit funeste de toutes ces choses, ie m’allois tout a
fait abandonner à la tristesse, sans l’arriuée impreueuë du
sieur de Blanchefort, qui me vint apprendre que Madame
la Princesse ma belle fille, deguisée en suiuante de Madame
de Touruille sa Dame d’honneur, & le Duc d’Enguien
mon petit fils, habilleé en petite fille, estoient heureusement
arriuez à Mouron, apres auoir couru mil dangers,
& euité la poursuitte de deux cens Caualiers, commandez
par le Comte de Sainct Agnan, qui sous pretexte de
chercher le Cheualier de Rhodes, les vouloit arrester prisonniers,
comme s’ils eussent esté criminels d’auoir obeï
trop fidelement & trop promptement aux ordres qui nous
auoient esté apportez de vostre part ; & qu’apres en auoir
esté donner aduis à Dijon à vos Majestez, & porté vne
Lettre de Madame ma belle-fille, qui vous asseuroit de
son obeïssance & de sa fidelité, vous auiez eu la bonté de
la receuoir, & de la lire aussi fauorablement, que si ce
n’eust point esté la Lettre de la femme d’vn malheureux.

Cela me fit croire, MADAME, que vous n’estiez

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Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.