Anonyme [1649], REQVESTE CIVILLE, CONTRE LA CONCLVSION DE LA PAIX , françaisRéférence RIM : M0_3468. Cote locale : C_9_74.
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Maistre, & le Mareschal de Grandmont ne cherchent que
les moyens de donner à leur tour de l’eau beniste à la Reyne,
& luy persuader qu’ils sont ses seruiteurs, pourueu
qu’ils ayent de l’argent, & qu’ils fassent leurs affaires. Le
Prince de Condé entr’autres plus vilain que ne fut iamais
son pere, demande continuellement de l’argent, & apres
auoir tyrannisé Mazarin durant cette guerre passee, le
presse auec des importunitez enragées, de le recompenser
des despenses qu’il y a fait, ou du gain qu’il esperoit y faire.
Iugez de là, Monseigneur, si nous ne sommes pas bien
mal heureux d’auoir affaire à des Princes qui sont si lasches
ou si interessez. La Reyne n’agit que par passion ou par
aueuglement, elle veut tout ce qu’elle veut, qu’il soit raisonnable
ou qu’il ne le soit pas : & pour en venir à bout,
promet tout ce qu’on luy demande, & pourtant ne donne
iamais rien que de l’eau beniste. On ne connoist plus de
Dieu dans la Cour que par benefice d’inuentaire, tous les
Sacremens y sont abolis, la pieté ny la vertu n’y trouuent
plus aucune demeure ; & de toutes les ceremonies de l’Eglise,
il n’y a que l’eau beniste qui y soit en vogue & en
reputation. Il faut croire que cette eau soit bien precieuse,
puis que les Religieux mesmes en ont voulu prendre, &
que les plus sains en apparence ont approuué l’vsage & la
communication. Neantmoins, elle n’a pas encore produit
grand effer : & bien que l’on l’ait estimée extrémement
feconde, elle n’a encore engendré que des ronces &
des espines. Messieurs du Parlement qui se croyent les
plus scrupuleux, comme les plus deuots, se sont imaginez
qu’il falloit & prolonger & multiplier les Conferences de
Ruel & d’autres lieux, afin d’auoir plus de loisir de prendre
de cette eau beniste, & d’en verser par deuotion, iusques
Anonyme [1649], REQVESTE CIVILLE, CONTRE LA CONCLVSION DE LA PAIX , françaisRéférence RIM : M0_3468. Cote locale : C_9_74.
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