Anonyme [1649], MANIFESTE DV ROY DE LA GRAND’BRETAGNE, à ses Sujets du Royaume d’Angleterre. , françaisRéférence RIM : M0_2394. Cote locale : C_6_4.
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Nous assister dans nos iustes & pieuses entreprises pour
ces fins. Cependant Nous requerons & commandons à
tous nosdits Subjets, conformément à leur deuoir enuers
Dieu, à leur fidelité enuers Nous, à leurs deuoirs, sermens
& protestations, & à l’amour & affection qu’ils portent à
la Paix de leur pays natal, qu’ils ne liurent point leur Roy
legitime, ny les libertez & loix glorieuses de l’Angleterre,
à vn esclauage perpetuel, par vne reconnoissance, ou soûmission
volontaire, à aucune forme nouuelle de gouuernement,
sous le nom ou masque d’Estat libre, ny sous
quelque pretexte que ce soit. Donné en nostre Cour, au
Chasteau ELIZABETH, dans l’Isle de IERSEY, le 23
Octobre 1649. Et le premier de nostre Regne.
Dieu garde le Roy.
L’Angleterre est à present vn Tableau funeste de l’inconstance & de l’aueuglement
des Peuples ; laquelle pour n’auoir pas consideré que les Roys sont
les Soleils des Estats, qu’on ne sçauroit eclypser sans priuer en mesme temps de
chaleur & de lumiere toutes leurs parties, ont esleué ainsi que ces Geants des
Poëtes des montagnes contre le Ciel, sous lesquelles ils ont esté accablez, & gemissent
à present. Leur ressentiment a paru à la lecture de cette Declaration,
qui a esté affichée aux places publiques de Londres par l’ordre de leur Roy :
Mais l’effet de leur peché estant deuenu leur chastiment, ils n’en sçauroient estre
deliurez que par la cause de leur ancien bon-heur, & l’objet de leur desobeyssance
appaisé & restably. C’est pourquoy ils souhaittent tous leur Roy, pour estre
deliurez de cette armée Tyrãnique, qui tient ses postes & ses corps, de gardes dans
les principales Eglises de Londres, & qui de là enuoye vingt ou trente Mousquetaires
dans les maisons Bourgeoises pour exiger d’eux des sommes d’argent. La
Monarchie depuis neuf ou dix siecles n’a pas tant fait souffrir à l’Angleterre,
que cette nouuelle Republique a fait depuis trois ans en çà, & qu’elle fera si la
presence de leur Soleil ne dissipe bien-tost ces oyseaux funebres qui la deuorent.
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