Anonyme [1650 [?]], LE REVEILLE-MATIN DE LA FRONDE ROYALLE, SVR LA HONTEVSE PAIX de Bourdeaux. , françaisRéférence RIM : M0_3537. Cote locale : B_19_23.
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absolument le salut de son Estat, le soulagement du
peuple, & la tranquilité de toute la Chrestienté.
Si quelque critique veut opposer, que le Cardinal n’a
trahy son Bien-facteur, que pour le bien de l’Estat, sans
auoir esgard à sa propre conscience, on luy respond qu’il
se ressouuienne de la perte de Stainé, du desordre de Belle-garde,
de la prise du Catelet, de la reddition de la Capelle,
du rauage de Bourgogne, du saccagement de
Champagne, de la ruine de la Picardie, des troubles
de Normandie, & enfin de ceux de Guyenne, tout cela
n’ayant esté que les simples aduertissemens que Messieurs
les Princes estoient en prison ; C’est pourquoy
ne leur donnant pas bien-tost liberté, (de laquelle
despend la perte du Cardinal, le repos de la France,
& la gloire de l’Estat) il est à craindre que tous
ces desordres venans à esclore ce Printemps auec plus de
force qu’ils n’ont fait cy-deuant, ils produiront des effets
bien plus dangereux, que ceux, dont la France a esté continuellement
affligée de toutes parts depuis dix mois,
qui, quoy que bien au dessous de ceux qui nous menassent
encore, n’ont pas resté de reduire la puissance Royale
à ne sçauoir y porter du remede, & le Peuple à ne sçauoir
quel party tenir, tant le throsne a esté en balance
par le contre-poix de la tyrannie Estrangere, & celuy
de la Iustice, qu’il y a de retirer la France du precipice
dans lequel le Mazarin l’a abismée par sa mauuaise conduite,
ses desseins n’ayant d’autre objet que celuy de sa
conseruation parmy les troubles qui rendront, selon ses
pernicieuses maximes, son administration necessaire, &
nostre perte infaillible.
FIN.
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