Anonyme [1650], LA POLITIQVE SICILIENNE, OV LES PERNICIEVX desseins du Cardinal Mazarin; Declarés à Monseigneur le Duc DE BEAVFORT de la part de toutes les Prouinces de France. , françaisRéférence RIM : M0_2817. Cote locale : A_9_26.
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osent dire que leur Gouuerneur ruïne absolument la Prouince
de Guienne : parce qu’ils osent s’opposer à la tyrannie
de Monsieur d’Espernon, & parce qu’il y desire faire l’establissement
d’vne de ses Niepces, luy voulant donner pour
appanage la meilleure Prouince du Royaume ; & pour s’en
rendre plus facilement le maistre luy a commandé (faisant
semblant de faire payer les tailles au Roy) (le nom duquel
on reuere tant qu’on souffre tout) de saccager les Villes,
ruïner les peuples, desmolir les maisons, violer les femmes,
prophaner les Eglises, descendre les cloches ; enfin, de renuerser
tour le bas Limosin & les lieux d’alentour ; pour ne
pas trouuer resistance lors qu’il voudra, comme il a desia
dit, aller faire couper des testes à Bourdeaux. Voulant rendre
cette Prouince entre les mains de sa Niepce, si captiue,
qu’elle la puisse remettre entre celles du Roy d’Espagne,
pour lequel il trauaille, quand il aura quitté la France, qui ne
sera pas assez-tost pour nostre bon-heur.
Les innocens doiuent-ils estre les victimes des malices
d’vn Estranger ? les peuples François doiuent-ils estre sacrifiez
aux mauuaises entreprises d’vn Italien ? les Eglises
ont-elles esté faites pour estre le theatre funeste des sales
impietez des factieux d’vn Mazarin, c’est à dire d’vn demon ?
les filles & les femmes doiuent-elles estre violées par les
complices de ses detestables desseins ? les enfans du berceau
doiuent-ils estre immolez à la tyrannie d’vn Ministre Sicilien ?
enfin la France doit-elle perir pour donner lieu à vn
Espagnol d’y faire son establissement, & celuy de ceux qui
trempent auec luy leurs mains dans les mesmes sacrileges
qu’il fait cruellement exercer par tout le Royaume, cependant
qu’il flatte ceux de Paris, qui ne cognoissent pas que
par ce moyen il les perdra sans leur dire mot, puis que cette
Ville ne vit que du bien que les estrangers y portent. Sont-ce
les sentiments d’vn Roy de France ? sont-ce les desseins
d’vne Reyne pleine de bonté & de clemence ? sont-ce les
moyens dont se sert vn Ministre qui veut establir le repos
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