Anonyme [1650], TESTAMENT DE MONSIEVR LE DVC D’ESPERNON. , françaisRéférence RIM : M0_3763. Cote locale : D_1_27.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 6 --

ils en ont quatre des premiers successiuement ayeux du Prince
de Condé leur tres cher amy, qui n’a esté emprisonné que
pour les auoir protegez contre le Seigñr Prince codicillant, fomenté
& instigé par l’Eminence Mazarine. Et c’est le conseil que
le Prince Codicillant se sent obligé de donner aux Bourdelois,
lequel il ordonne leur estre signifie à sa diligence de ses executeurs
testamentaires.

 

Item, dit & declare le dit codicillant, que tandis qu’il faisoit semblant
de secourir le feu Chasteau Trompete, & de se preparer à
mettre à feu & à sang Bourdeaux, sa chere Patrie, il obtint pour
estre plus animé en cette haute expedition, du Reuerend Pere
en Dieu, Iule Mazarin, Cardinal sous le nom du Roy, la confiscation
de tous les biens des Bourdelois (sauf de ceux qui fauorisoient
son Altesse codicillante) lesquels estoient en beaucoup
plus grand nombre que les autres : laquelle confiscation ledit
Seigneur Prince codicillant auoit demandée par lettre expresse,
escrite de la main de son premier Secretaire d’Estat, l’Abbé de
Vertueil, la quelle sut interceptée, veuë & leuë par les Bourdelois,
dont les biens se deuoient confisquer contre leurs anciens
Priuileges, au prosit de son A. Serenissime, Tellement que lesdits
biens appartenans au Prince codicillant, par le droit de l’octroi,
qui luy en a esté fait, il en doit disposer, comme luy estans propres.
C’est pourquoy son A. codicillante par vne bonté speciaile
relaschant, de son droit ; donne & legue, & par droit d’iustitution
& legat, delaisse lesdits bien à eeux là mesmes qui en estoient auparauant
proprietaires, combien qu’ils n’en ayent point esté depossedez,
les faisant en cela ses heritiers particuliers.

Item, dit & declare le Prince codicillãt, que comme il est tres-important
que rien de son A. Serenissime ne se perde, & partant
que sa barbe, & les moustaches de son corps deffunt soiẽt cõseruées,
il veut & ordonne qu’apres sa mort, elles soient bien dorées
par l’excellant Dorreur & Peintre Fournier, à la façon des anciens
Preux, comme fut la barbe du Duc de Lorraine apres la bataille
de Nancy, l’an 1477 & qu’apres elles soient razées par le meilleur
Chirurgien de Bourdeaux, pour estre mises & encloses dans
vn beau vase de cristal, lequel sera placé & colloqué dans vne
corniche de la Tour du Marché de Bourdeaux, afin que tous
ceux & celles qui passeront pardeuant de si precieuses Reliques
tirent le chapeau & fassent la reuerence décemment, comme il



page précédent(e)

page suivant(e)