Anonyme [1652], SECONDE PARTIE DE L’ASNE ROVGE, DÉPEINT AVEC TOVS ses deffauts, en la personne du Cardinal Mazarin. I. Sur son incapacité & maniement des affaires. II. Sur son ignorance & ambition démesurée. III. Sur ses actions & entreprises, qui font cognoistre ses trahisons & perfidies, contre l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_85. Cote locale : B_12_57.
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au Roy qu’en moins de huict iours il ameneroit les Bordelois
aux pieds de sa Majesté luy demander pardon. Il est
tellement accoustumé aux fraudes & fourberies qu’il ne
veut prendre aucune place par siege ny par assauts ; mais
par pratiques & trahisons : & durant le siege de Bordeaux
on le vid demeurer en personne deuant le Fort de la Bastide
trois ou quatre heures auec tous les Generaux de l’armée
du Roy, où il n’oublia point ses pratiques ordinaires
& frauduleuses, pour gagner des personnes qu’il pretendoit
pouuoir executer ses mauuais desseins ; il fit tout son possible
de débaucher deux Officiers des Regiments de la ville,
qui luy faisoient esperer merueilles.

 

D’autre costé, tous les Partisans qu’il auoit dans Bordeaux,
& qui y estoient sans auoir peu estre découuerts,
luy auoient fait donner à entendre que faisant approcher
l’armée, & donner de tous costez comme pour la forcer,
cela causeroit du trouble & de la diuision entre le Parlement
& les Bourgeois : & pour faire reüssir ce dessein, cét
Asne rouge n’espargna ny or ny argent, afin de donner
dauantage de terreur à ceux de dedans.

Au mesme temps qu’il fit sçauoir qu’il estoit prés la Bastide
en resolution de l’attaquer, il fit paroistre quelques
troupes vers le fauxbourg de sainct Surin, & ordonna son
armée Nauale d’auancer à demie lieuë prés la ville, composée
d’vn grand vaisseau, d’vn mediocre, & de quelques
Galliottes pour tenir la riuiere, & attendoit auec impatience
le succez de son entreprise, qui ne reüssit pas comme
il desiroit, & qu’il s’estoit proposé.

Alors le Parlement, au lieu de se diuiser, parut plus resolu
que iamais à se bien deffendre, le peuple ne s’émeut
point, & ce qui donna plus de peine aux Generaux de la
ville, fut à empescher les Bourgeois de sortir comme ils
vouloient auec les armes pour aller attaquer leurs ennemis
de toutes parts. Mais comme on cogneut qu’ils ne vouloient



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