Anonyme [1650 [?]], RELATION DE CE QVI S’EST PASSÉ A L’ARRIVEE DE MADAME LA PRINCESSE DE CONDÉ & de Monsieur le Duc d’Enguien son fils EN LA VILLE DE BORDEAVX. Auec l’Arrest de Messieurs du Parlement de ladite ville sur ce sujet. , françaisRéférence RIM : M0_3111. Cote locale : A_9_20.
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accompagnée à la reserue de ceux de sa maison, de crainte qu’il
ne se formast quelque party dans la ville preiudiciable au seruice
du Roy & au repos de ladite ville. Pour cet effet deux Conseillers
de ladite Cour furent deputez vers ladite Dame Princesse,
qui leur donna sa parole auec grande franchise, & promist qu’au
cas qu’elle demeurast à Bordeaux qu’elle n’y feroit aucun party
ny complot, & qu’elle n’auoit aucune correspondance n'y intelligence,
& tesmoigna ne demander qu’vne retraitte & asseurance
de sa vie & de celle du Duc d’Enguien ; qu’elle n’eust point
party de Mouron sans les aduis asseurez qu’elle auoit receus que
le Comte de Sainct Agnan se vouloit faisir de leurs personnes,
& que le iour de deuant qu’elle en sortist ledit Comte de Sainct
Aignan estoit allé recognoistre la place auec six vingts cheuaux,
qu’elle l’auoit veu de ses senestres, & que la nuict en suitte elle
s’estoit sauuée.
Cette response rapportée à la Compagnie, apres que les gens
du Roy eurent donné leurs conclusions, les voix recueillies par
deux fois, il fut donné Arrest portant, QVE LE ROY seroit informé
de l’estat present & des partis qui se sont formez à l’occasion
de la detention des Princes & de l’espulsion du sieur Duc d’Espernon,
& sa Majesté tres-humblement suppliée de vouloir arrester
les desordres naissans pour cet effet, de donner vn autre
Gouuerneur à la Guyenne, & de renuoyer lesdits Seigneurs
Princes deuant leurs Iuges naturels, suiuant les Ordonnances
& Declarations, que l’original de la Requeste presentée par ladite
Dame Princesse sera enuoyé au Roy, & cependant que sous
le bon plaisir de sa Majesté ladite Dame Princesse auec le
Seigneur Duc d’Enguien son fils & ceux de sa maison, demeureront
dans la presente ville en toute seurete & asseurance, lesquels
à ces fins la Cour a mis sous la protestion & sauuegarde du
Roy & de sa Iustice.
C’eust esté vne lascheté sans exemple & reprochable à perpetuité
au Parlement & à la ville de Bourdeaux, d’auoir liuré entre
les mains du Mazarin ou du Duc d’Espernon Madame la Princesse
& Monsieur le Duc d’Enguien : Cela seroit honteux à la
France & dommageable à l’Estat, si cette Princesse ne trouuant
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