MANIFESTE DE LA PROVINCE
de Guyenne au Parlement de Bourdeaux.
MESSIEVRS,
S’il y a Prouince en France qui ait occasion
de se plaindre c’est celle de Guyenne, & de se
ressentir de la guerre injuste que Iule Mazarin luy
a faite pour l’auancement de son malheureux dessein,
qui estoit de la ruiner soubs pretexte du Gouuernement
que nous souffrions le plus violent &
rigoureux qui se soit veu : Vos remonstrances par
escrit & de viue voix, que vous auez faites & enuoyées
iointes auec nos souspirs & gemissemens
n’ont seruy qu’à renforcer les cœurs de pierre de
Mazarin, & de ceux qui recherchoient son alliance :
sujet du grand trouble que la Prouince à souffert des
ruynes & miseres qu’on luy a fait ressentir, sans
auoir eu esgard à sa fidelité natutelle enuers ses
Rois, ayant tousiours fermé l’oreille aux ennemis
de l’Estat, qui ont souuentesfois essayé à corrompre
& affoiblir nostre constance, par leurs offres
d’hommes & d’argent, pour nous faire embrasser
vn party contraire à nostre ieune Monarque, au
contraire elle à tousiouts nourry des Capitaines &
des Soldats de cœur, aguerris & tres-fidels, qui ont
rendu de tres-grands seruices a ceste Couronne,