Anonyme [1652], LES SENTIMENS D’VN FIDELLE SVIET DV ROY, Contre l’Arrest du Parlement du vingt-neufiesme Decembre 1651. , français, latinRéférence RIM : M0_3648. Cote locale : B_11_22.
-- 23 --
à Londres, il employe le secours de ces mains cruelles.
encore teintes & fumantes du sang de leur Monarque, & les
partisans de sa caballe publiant par tout l’entrée de quatre
mille Escossois, dans la riuiere de Bourdeaux, ne craignent
point de faire d’vne alliance si honteuse, vn suiet de gloire & de
trophée.
D’autre costé Monsieur le Cardinal, qui auoit souffert durant
plusieurs mois, sans plainte, & sans murmure, les outrages, dont
on l’auoit chargé en particulier & en public ; bien loin de penser
aux moyens de se venger, & d’écouter les offres que luy faisoit
l’Espagne en cette occurrence, également touché de reconnoissance
pour tant de biens que luy ont fait le Roy & cet
Estat, & de douleur pour les maux extrémes dont il voyoit l’vn
& l’autre menacé se resout constamment de les secourir dans
vn si eminent danger, d’employer ses soins, ses forces, celles
de ses amis, & enfin sa vie pour vne entreprise si glorieuse ; met
en peu de temps sur pied vne armée considerable : reçoit du
Roy vn commandement expres de la conduire en France, auec
esperance certaine d’en tirer vn seruice tres-notable dans la
conioncture presente des affaires.
Cependant Messieurs de la Cour de Parlement, ayant sceu
l’approche & la demarche de ce Cardinal, & son entrée en France
auec son armée, quoy qu’ils ne peussent ignorer qu’il y reuenoit
par ordre du Roy & en estat d’assister sa Maiesté contre vne
faction puissante de rebelles, s’assemblent aussi-tost, le declarent
criminel de leze Maiesté, mettent sa vie à prix, promettent
impunité & recompense aux coupables, qui l’auroient assassiné,
& ce qui fait horreur à dire & à penser, ordonnent que ses biens
seront exposez & vendus publiquement, pour payer la teste de
leur Maistre ; peu de iours ensuite l’execution de la Declaration
du Roy donnée dés long-temps contre la rebellion de Monsieur
le Prince, est surcise & suspenduë, pour n’auoir effet que
du moment qu’on aura receu nouuelles asseurées de l’esloignement
& de la retraitte du Cardinal hors du Royaume.
En premier lieu donc, pour bien iuger si on a condamné auec
iustice le retour du Cardinal : considerez d’vne part, que c’est
le Parlement qui ne le veut pas ; & de l’autre, que c’est le Roy
qui l’a voulu : puis voyez si la raison & toute sorte de deuoirs ne
|