Anonyme [1650 [?]], LE REVEILLE-MATIN DE LA FRONDE ROYALLE, SVR LA HONTEVSE PAIX de Bourdeaux. , françaisRéférence RIM : M0_3537. Cote locale : B_19_23.
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qui voyant Monsieur le Duc d’Orleans dans
le dessein de terminer bien tost la guerre, à d abord enuoyé
vn courrier Secret à ses Agents qu’il à laissez dans
Paris, par lequel il leur ordonne de tenir en longueur cette
resolution iusques à ce que les affaires de Bourdeaux
luy permettent de s’en venir, pour y faire n’aistre d’autres
difficultez, & que pour colorer leur dessein, il falloit
dans le Conseil de S. A. R. mettre l’Authorité du
Roy, eu auant pour la conseruation de laquelle, disoit-il,
on entretiendroit l’Archiduc en luy enuoyant message
sur message.
Cette longueur à si bien reücy à Mazarin qu’on ne
s’en apperçoit presque pas, mais pour d’estromper tout
le monde, il est necessaire de sçauoir que l’on faisoit encore
naistre vne autre difficulté sur ce que l’Archiduc ne
vouloit point traiter auec le Cardinal, disant que l’Archiduc
vouloit choisir des persõnes desquelles il eut peu
receuoir des gratifications, mais toute la France estant
tesmoing qu’on n’en pouuoit choisir vne moins suspecte
que Monsieur le Duc d’Orleans, ny plus interressée dans
le seruice du Roy, il est aisé à cognoistre que toutes ces
inuentions ne tendoit qu’a rompre le train d’vn ouurage
qu’on eut facilement peû acheuer sans le Cardinal qui à
fait cognoistre à toute l’Europe sa mauuaise foy. Et principallement
aux Espagnols, qui s’apperceuans de son
dessein, ont tout quitté, pour aller trauailler pour le
seruice de leur maistre.
S’il y a des personnes, à qui il reste encore quelque sentiment
d’honneur, qui se sont laissées surprendre par le
faux brillant de la Fortune du Mazarin, tout le monde
espere d’eux, que la suitte du temps leur fera connoistre
la honte, qu’il y a, de s’estre lâchement desuoüez au seruice
d’vn tel personnage, qui n’a point d’attachement à
la qualité, ny au merite des hommes, mais seulement
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