Anonyme [1650 [?]], LE REVEILLE-MATIN DE LA FRONDE ROYALLE, SVR LA HONTEVSE PAIX de Bourdeaux. , françaisRéférence RIM : M0_3537. Cote locale : B_19_23.
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ne les a iamais vaincus sans admiration, portant au seul
bruit de ses victoires de la terreur & de l’effroy par toute
la Chrestienté, qui n’entendoit iamais parler que des
actions de ce grand Conquerant, n’y ayant point d’endroit
en toute sa vaste estenduë, où l’on n’ait sceu, qu’il
a tousiours mené au triomphe tous ceux qu’il a conduit
au combat.
En effet, le Parlement de Bourdeaux, qui entre tous
ceux de France s’est acquis à plus iuste tiltre le nom de
Protecteur du Peuple, a iugé que la personne de Monsieur
le Prince estoit si necessaire pour la conseruation de
l’Estat, qu’il a estimé ne pouuoir iamais rendre d’action
plus digne de ses genereuses entreprises, que dans ses interests
propres demander au Roy l’eslargissement du plus
necessaire support de sa Maiesté. Au contraire cét auguste
Senat contre toutes les sollicitations qu’on luy a pû
faire de la part de la Reyne & de Mademoiselle, de voir
le Cardinal, a iugé cette action de bassesse si honteuse à la
reputation des vrais gens d’honneur, qu’il a mieux aymé
se despartir genereusement de tous les aduantages, qu’on
luy faisoit esperer, pour l’obliger à vne si indigne soumission,
que de reconnoïstre le Mazarin, que pour vn
Criminel, comme vn Domestique priué de la Reyne, &
non comme vn premier Ministre d’Estat, puis qu’il n’a
pas esté esleu pour tel par les Estats de France, ny approuué
par aucun Parlement du Royaume ! action certes, qui
deuroit seruir de prototype à tous les gens de cœur à l arriuée
du Cardinal dans Paris.
Entre toutes les actions, que ce faux Ministre a mis
au iour, il n’y en a point, (& ne m’en puis encore taire)
qui nous fasse mieux connoistre insques où peut aller son
ambition dereglée, que l’impudence qu’il a euë d’obliger
la Reyne de faire commandement au Parlement de
Bourdeaux de ne point voir Monseigneur le Duc d’Anjou,
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