armes se trouuerent d’abord fauorisées, moins par vn
coup de faueur que par vn coup de disgrace de leur
mauuaise fortune ; laquelle leur esbloüissant les yeux
par ces apparences trompeuses de leur premier bonheur,
ietta le trouble & la confusion dans leur conseil,
pour ne leur laisser point connoistre que ces premiers
succez estoient les seuls effets de l’absence du
C. Mazarin ; & que la presence n’en pouuoit estre
precipitée, qu’auec le danger éuident de quelque
malheureuse suitte, qui ne leur laisseroit repasser les
yeux sur leurs premiers triomphes, que pour les faire
rougir de s’en estre preualus auec si peu de conduite.

Voila les sentimens que ie m’efforçay d’inspirer à la
Reyne, lors que luy faisant voir que la leuée du siege
de Coignac, & la prise des Tours de saint Nicolas &
de la Lanterne, n’estoient que des saignées politiques,
qui auoient renforcé le courage de M. le Prince ;
ie taschay de combattre le dessein qu’elle auoit
de s’en preualoir, pour rappeller le C. Mazarin ; en
luy faisant entendre que ce retour feroit tourner visage
à la bonne fortune de sa Majesté ; qu’apres auoir
fait donner des declarations toutes recentes pour rasseurer
dans la creance des peuples la sincerité de son
bannissement, il sembloit qu’elle ne pouuoit le rappeller
à mesme temps sans vn attentat manifeste à la
foy publique° ; que c’estoit iustifier l’armement de M.
le Prince, puis qu’on ne l’auoit condamné qu’en traitant
de pretexte l’aprehension de ce retour apres tant
de protestatiõs Royales pour asseurer le contraire ; &
que pendãt que les peuples ne balançoient de prendre
party que sur l’incertitude de ce retour, asseuré par
M. le prince, & nié par sa majesté, elle ne pouuoit le
precipiter du moins en cette conjoncture, sans leur
donner sujet de s’en aller grossir les troupes de celuy
dont les protestations se trouueroient verifiées par