de faire en sorte que nos victoires soiẽt Cadmeenes
pour causer plus de deüil que de joye, & plus de regret
que de satisfaction. Si nous estions si malheureux
de voir encores ce Ministre place sur le throsne
nous ne pourrions attendre que l’entiere ruine de
l’Estat, & la France se verroit bien-tost changée en
vn desert, ou en cemetieres. Certes tout le Royaume
auroit droit de me blasmer si pouuant remedier
à tant de malheurs, ie n’emploiois mes soins pour les
diuertir, & si ie ne me seruois de l’authorité que mon
rang me donne, pour conseruer au Roy mon neveu
son Estat qui est menacé par la faction de cét Estranger,
ou d’vne notable perte, ou d’vne ruine toute entiere.
Apres la consideration des interests du Roy,
rien ne m’a esté si sensible, que la persecution d’vn
Prince de Sang qui me touche de prés, & lequel est
vn des plus beaux Fleurons de la Couronne. Ie veux
bien que tout le monde sçache le ressentiment que
i’ay d’auoir veu souffrir son innocence. I’auoüe que
i’ay eu trop de facilité à permettre de si mauuais traitemens,
qui auroient esté iniustes quand mesmes il
auroit esté coupables. Mais i’espere qu’ayant fait
voir son innocence & procuré son élargissement, il
sera du tout satisfait de mes deportemens, luy procurant
du secours, & entreprenant tout ce qui sera
necessaire pour sa deffence. Si iusques icy ses ennemis
ont eu plus de pouuoir à le calomnier à la Cour,
que moy pour persuader à sa Majesté la sincerité de
ses intentions, qu’ils apprennent que dans peu de
temps ie descouuriray leur malice, & que ie dõneray

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