Anonyme [1649 [?]], LE GOVVERNEMENT PRESENT, OV ELOGE DE SON EMINENCE, SATYRE, OV LA MILIADE. , françaisRéférence RIM : M0_1503. Cote locale : C_4_27.
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Il tromperoit son propre pere,
Trahiroit sa propre mere,
Si le cours de ses passions
Rapportoit à ses actions.
Il a tant apris d’vn tel Maistre
Le Mestier de fourbe & de traistre.
Qu’il est le premier Fauory
De ce Ministre au cul poury.
Ses prodigieuses richesses
Le sõt brusler pour deux maitresses :
Par la gloire il est emporté,
Et par les femmes il est dompté,
Son esprit embrasse les vices,
Son corps embrasse les delices,
Qui corrompent le iugement,
Par le brutal debordement,
Il se flatte de l’esperance,
De se voir Duc & pair de France.
Et dans son desir violent,
Trouue que son remede est lent.
L’amour qu’ARMAND luy porte
est telle,
Qu’elle esgalle la paternelle,
Et si son pere n’estoit doux,
Il en pourroit estre ialoux
Sa femme apprend d’vn bon Stoïque
La naturelle Polytique,
Et que tout vice estant esgal,
L’adultere est vn petit mal,
Mais pour punir ceste coquette,
Il luy rend ce qu’elle luy preste.
Voila les Ieannis, les Sullys,
Les Villeroy, les Sylleris,
Dont ce fier Tyran de la France
Consulte la rare prudence :
Si tu demande des Heraus,
Qui nous desliurent de nos maux,
Les Brezay & les Meillerayes
Sont les Medecins de nos playes :
Si tu veux des foudres de Mars,
Qui seruent de viuants rempars,
Coëslin dans la plaine campaigne
Sert plus qu’vne haute montaigne,
Courlay dans l’Empire des flots,
Faict vn grand rocher de son dos,
Ces deux bosses preseruent la Frãce
De toute maligne influance.
Tous ces braues Auanturiers,
Nous promettent mille lauriers :
Ils outragent les Capitaines,
Ils font des entreprises vaines,
Et quoy qu’ils craignent les hazars,
Ils veulent passer pour des Cesars.
Mais qui regne sur le finances ?
Bullion, dont les violences
Sont le principal instrument
De cét heureux gouuernement,
Le plus cruel monstre d’Affrique,
Est plus doux que ce frenetique,
Qui triomphe de nos malheurs,
Qui s’engraisse de nos douleurs,
Qui par ces aduis detestables
Rend tous les peuples miserables,
Qui par ses tyranniques loix
Les fait pleurer d’estre François.
Qui surpasse les bourreaux mesmes,
Se plaist dans leurs tourmens extremes
Qui d’vn exil s’est trempé les mains
Dans le sang de cent mille humains,
Qui leur blessure renouuelle,
Du fer de sa plume cruelle,
Et rit en leur faisant souffrir
Mille morts auant que mourir :
Est-il vn merite si rare,
Qui puisse adoucir ce barbare ?
Le grand Veimard & sa valeur
Peuuent-ils flechir ce voleur ?
Il ne cognoist point de Iustice,
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Anonyme [1649 [?]], LE GOVVERNEMENT PRESENT, OV ELOGE DE SON EMINENCE, SATYRE, OV LA MILIADE. , françaisRéférence RIM : M0_1503. Cote locale : C_4_27.