Anonyme [1649 [?]], LE CAPRICE DES ESPRITS, OV LA PHILOSOPHIE DES FOVS. , françaisRéférence RIM : M0_625. Cote locale : C_1_3.
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sont mille fois plus insensés, puis qu’ils iugent
mal de la sincerité des plus genereuses actiõs, & qu’ils
noircissent par leur medisance la blancheur de la plus
illustre vertu. Ils font iustement comme ces mousches
Cantarides qui infectent les plus belles fleurs : comme
ces vapeurs enuenimeés qui alterent le cerveau, &
comme cette odeur pestilentielle qui cause la mort à
tous ceux qu’elle attaque iusques au cœur. En effet
n’est-ce pas violer toutes les loix & divines, & humaines
que d’offencer directemẽt nos Princes & nos
Souuerains ? les accuser d’impieté, de blaspheme, de Sacrileges,
n’est-ce pas la plus horrible insolence, & l’éffronterie
la plus hardie qui se puisse iamais imaginer ?
Ie passe sous silence mille infamies que l’on public
d’eux auec autãt de liberté que si c’estoiẽt des loüãges ?
& auec autant de zele que si c’estoient des verités. Certes
quand ie considere les vices, les abominations, les
mechancetés, les impudicités, les crimes epouvãtables
qui ont esté publiés depuis six mois dans ces libelles
qui s’impriment & se vendent impunément, Ie concluds
qu’ils ont causé plus de corruption, de desordre,
de trouble, de mal dans les esprits, aussi bien que dans
les Consciences, que n’ont iamais fait les plus dissolus
Romans du monde, les liures de Rablais, de Bocace,
l’Art d’aymer, d’Ouide, les escrits du Poëte Aretin,
& les amours de Parnasse. Mais ce qui m’étonne le
plus, & ce qui me fait croire que le vice est au dernier
periode de sa malice, c’est que les ames, meme les
moins libertines en apparence se plaisent en la lecture
de ces mauuais liures, & y trouuent beaucoup de satisfaction.
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Anonyme [1649 [?]], LE CAPRICE DES ESPRITS, OV LA PHILOSOPHIE DES FOVS. , françaisRéférence RIM : M0_625. Cote locale : C_1_3.