Anonyme [1649], LE BON MINISTRE D’ESTAT. , français, latinRéférence RIM : M0_590. Cote locale : A_3_9.
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ne pouuant tirer des consequences veritables
des fondements supposés, en vn mot quand le
mensonge & le déguisement de ceux qui sont auprés
de luy, ne luy font iamais voir la verité qu’au
trauers d’vn nuage. En quoy la condition des
Roys semble veritablement malheureuse, qui pour
estre haut esleués, ont besoin du ministere d’autruy
pour se conseruer dans leur lustre & dans leur
splendeur : elle les empesche de vacquer à beaucoup
de choses, ou le secours d’autruy leur estant
necessaire ils perdent vne partie de ce qui leur seroit
plus honnorable & plus majestueux. Mais aussi
comme il est tres difficille qu’vn Roy conduise vn
grand Estat sans Conseil, puisque dans des affaires
de moindre importance, vn homme iudicieux ne
s’arreste pas à son iugement ; toute sorte d’estat &
de condition ayant besoin de l’assistance d’autruy,
& sur tout celle qui manie les affaires publiques, il
n’est pas possible qu’vn Prince quelque iugement
qu’il ayt puisse vacquer à tout ce qui concerne son
Estat. L’authorité Royalle est vn pesant fardeau,
les Roys sont d’ordinaire portés à s’en descharger,
& quelquesfois ceux qui ne deuroient que les
soulager, les en deschargent si bien, qu’ils le priuent
du plus bel ornement qu’ils deuroient posseder.
L’authorité Souueraine est delicate, elle ne peut
souffrir de compagnon, non plus que de maistre
& comme disoit Alexandre à Darius, tout ainsi
qu’il n’y a qu’vn Soleil aux Cieux pour esclairer la
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Anonyme [1649], LE BON MINISTRE D’ESTAT. , français, latinRéférence RIM : M0_590. Cote locale : A_3_9.