On peut estre auec le Roy, & on peut auec mesme
temps n’estre point dans les interests du Roy : Le Roy
n’est pas tousiours, où est la personne du Roy ; pour
seruir le Roy comme il faut, il faut appuyer la Royauté
pour appuyer la Royauté il ne faut pas regarder où le
Roy est, mais où il doit estre ; le Roy peut commander
& on doit quelquesois luy desobeyr, parce qu’il
faut voir s’il est en estat de commander, ou si ce qu’il
commande ne luy est point contraire, Lors que François
Premier estoit dans les Prisons d’Espagne, on le
consideroit bien comme vn Roy, mais comme vn Roy
qui n’estoit point où il deuoit estre. Quand Gharles VI.
estoit phrenetique on le regardoit comme vn Roy,
qui n’auoit point de commandement, Il faut sçauoir
ce qu’on doit au Roy, & il faut le faire, il faut s’attacher
au Roy, mais par vn bon motif & sans lacheté.

Le Comte d’Arcourt s’est bien attaché au Roy,
mais quel en est le lien ? C’est la complaisance qu’il a
pour la tirannie du Mazarin, La complaisance en est
lache, le lien en est honteux, l’attachement qu’il a au
Roy ne vaut done rien, parce que ceux qui s’attachent
au Roy par d’autres motifs, que par des motifs empruntez
de la Royauté, ne considerent le Roy que
comme vn pretexte dont ils desguisent la verité de
leurs intentions.

Le Roy auec le Mazarin ne doit estre que l’obiet de
nos compassions, il faut le seruir en le heurtant, il faut
luy obeyt en le choquant ses volontez, parce qu’elles
sont esclaues, ou elles deuroient estre souueraines ;
C’est ce que le Comte d’Harcourt doit considerer, c’est
ce qu’il ne peut pas, parce que c’est vn homme, qui
n’ayant que des bras ne peut pas agir auec reflection.
Voyons plus exactement sa conduite.