Anonyme [1649], LA VERITE PARLANT A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_3996. Cote locale : C_10_42.
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puissante tout ce que vous voyez icy bas. Ie
suis tellement inseparable de cette essence infinie,
qu’elle ne peut demeurer sans moy, ny
moy ie ne sçaurois subsister sans elle, car qui
voudroit oster la Verité, c’est ainsi que ie suis
nommée, si l’on me vouloit, disie, oster d’auec
Dieu, ce seroit le vouloir destruire, & perdre
entierement sa nature, que si l’on disoit aussi
d’autre costé que ie puisse estre autre part qu’ẽ
sa compagnie, ce seroit luy faire vne iniure
qu’on ne pourroit iamais reparer, puisque ce
qui est hors de son suspost, ne sçauroit porter
que le titre de faux & de demẽteur tout ensemble.
Si la sagesse tient sa place à l’vn des costez
de son throne, ie demeure à l’autre immobile
& sans iamais en estre partie depuis le commencement
de l’eternité iusques à sa fin, si
tant est qu’on se puisse imaginer ses limites. Ie
pense, Madame, que cela vous doit estonner,
car l’apparence, que ne pouuant quitter le
Ciel, comme ie viens d’asseurer, ie puisse estre
icy deuant vous, & paroistre maintenant à
vos yeux ? Mais si le Poëte a feint qu’autrefois
Venus dessilla les yeux à son fils Enée, pour luy
faire voir clairement les Dieux qui demolissoient
de leurs propres mains la ville de
Troye, trouuerez vous impossible que le Dieu
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Anonyme [1649], LA VERITE PARLANT A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_3996. Cote locale : C_10_42.