Servien, Abel [?] [1649], HARANGVE DE MONSIEVR SERVIENT FAICTE AVX HOLANDOIS, Sur le subiet de leur Traitté de Paix auec l’Espagnol. , françaisRéférence RIM : M0_1556. Cote locale : C_5_43.
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pû mieux faire & traitter plus honorablement, nous nous
pourrions iustifier enuers la posterité d’auoir troublé de gayeté
de cœur & par vne precipitation non necessaire, l’heureux
estat de nos affaires.

 

Il importe donc extremement de preuenir tous ces inconueniens,
& pour cet effet de sçauoir au vray comme nous aurons
à passer dans vn nouueau genre de vie, en sortant de celuy
que nous allons quitter, il importe de bien esclaircir cõme
nous aurons à viure ensemble, lors que nous y serons arriuez
en expliquant sans ambiguité ce que nous deurons faire
les vns pour les autres, en cas que nous receuions quelque
nouueau par nostre ennemy commun, vous me permettrez
de vous dire, Messieurs, que vous y auez plus d’interest que
nous, le Corps de vostre Estat apres vn penible exercice continué
l’espace de quatre vingt ans, doit viure desormais dans
vn profond repos qu’il n’a point encore esprouué. Il a besoin
d’vser de bons remedes pour se guarentir des maux qui arriuent
ordinairement apres de si notables changemens, & qui
pourroient deuenir mortels, si on ne se seruoit de puissantes
precautions pour les preuenir.

Quant à nous, Messieurs, ce ne sera pas chose nouuelle
pour la France d’estre en paix auec l’Espagne, nous sçauõs déja
iusques à quel point on s’y peut fier & cõme on se doit deffendre
des pratiques & des entreprises qu’elle a accoustumé
de faire sous la couuerture de l’amitié. Nous auons de bonnes
loix qui reglent iusques où se doit estendre la communication
qu’on peut auoir auec des ennemis dangereux qui ne
se reconcilient iamais, que pour mieux paruenir à leurs fins,
nos Magistrats sçauent comme il faut punir ceux qui y contreuiennent,
l’experience du passé nous rendra encore plus
sages à l’aduenir, mais ie ne sçay si la forme de vostre Estat
vous permettra si tost de tenir en bride comme il faut, l’humeur
entreprenante de cette Nation qui a tousiours plus aduancé
ses affaires par des menées secrettes que par les armes,
puisque mesmes auant la conclusion de la paix elle a eu l’audace
d’enuoyer ses Emissaires sous des emplois supposez, pour
attaquer & diffamer vos amis en vostre presence.

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Servien, Abel [?] [1649], HARANGVE DE MONSIEVR SERVIENT FAICTE AVX HOLANDOIS, Sur le subiet de leur Traitté de Paix auec l’Espagnol. , françaisRéférence RIM : M0_1556. Cote locale : C_5_43.