Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.
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admirons la grandeur de Dieu, par l’excellence des Ministres de sa
Iustice ; & considerons que s’il veut empescher l’entrée du Paradis
terrestre, il y commet vn Cherubin auec vn glaiue de feu : & s’il
veut exterminer vn peuple entier, vn Ange en a le cõmandement :
s’il donne le choix à vn Roy, des fleaux dont il le veut affliger, il
depute vn Prophete : Et quand il veut dépeupler vn peu le monde,
il arme quelque main puissante, & suscite des Heros pour cét effet.
Ainsi ie pense que dans les desordres du temps, le plus expedient
est de parler auec modestie de ceux qui les font, & de rendre graces
à Dieu, de ne nous auoir pas choisis pour vn employ si contraire
à la douceur de nos sentimens. Les desolations publiques estans
periodiques & fatales, ont leur saison & leur necessité comme les
autres choses : si elles nous rencontrent en leur chemin, suiuons
auec plaisir le decret immuable de l’ordre du monde. La resistance
& l’afflictions d’esprit est vn murmure secret contre la Prouidence ;
Offrons-nous à elle volontairement, quand elle aura dressé nôtre
bucher, & nous couronnerons par nôtre soûmission la victime qui
luy doit estre immolée.

 

TROISIESME PARTIE.

LE ROY.

Novs auons, ce me semble, assez bien examiné quel doit estre
le deuoir d’vn Roy enuers ses Proches, ses Domestiques &
ses Sujets ; reste-t’il encor quelqu’autre chose à faire ?

L. G. Le Principal, SIRE, Car tout ce qui a esté fait iusques icy,
n’est rien autre chose qu’vne reueuë des dehors de la Royauté. Le
plus essentiel consiste au dedans, c’est à dire aux mœurs du Prince.
Le vice d’vn particulier ne va pas plus loin qu’à sa personne, à ses
domestiques & à ses voisins. Mais les vices ou les vertus des Princes
sont graces ou maledictions publiques. C’est pourquoy il n’y a
rien de plus important que leur institution : tout ce qui paroist d’exterieur
en Vôtre Majesté est si beau, si parfait, & si bien acheué,
seroit-il possible que l’interieur ne le fust pas ?

L. R. Mon Gouuerneur, Si la matiere vous semble belle, ie vous
proteste qu’elle est encor plus disposée à receuoir vne bonne forme,
& vous pouuez commencer à la luy donner quand il vous plaira :
Mais auparauant prions Dieu qu’il benisse nôtre dessein.

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Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.