Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.
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L. R. Ie suis rauy d’apprendre, que la vaillance & la vertu ont
fait la premiere Noblesse. Car estant le premier Gentilhomme de
mon Royaume, je me dois glorifier auec eux de cette belle extraction,
qui nous est commune. Puis que vous m’auez fait voir aussi
que je dois à leur sang l’honneur de toutes mes conquestes ; aidez
moy, je vous prie, à trouuer le moyen de le mesnager, & voyons
s’il y a point quelque remede pour les duels.

L. G. SIRE, Cette maladie qui paroist incurrable, & qui a pris
force par vn long vsage en l’imagination de la Noblesse, se doit
traitter (ce me semble) comme celle des Hypocondres, en adherant
en quelque sorte aux fausses opinions du malade ; & partant je
serois d’auis qu’on auisast plûtost aux expediens de moderer vn
mal de cette nature, que de se trauailler inutilement de l’oster tout
à fait. Pour cét effet, il seroit à propos auant toutes choses, qu’il
fust defendu à tout second de se battre sur peine de la vie, & que
cét Edit fust inuiolablement obserué. En suite de cela, je voudrois
qu’auant l’appel on s’éclaircist par vn second de l’injure pretenduë ;
& que si on n’a point eu de mauuais dessein, on se guerist de
cette honte criminelle qu’on à accoûtumé d’auoir, de satisfaire de
paroles vne personne qu’on n’a point eu volonté d’offenser : nótre
bouche ne deuant point faire aucun scrupule d’honneur, de desauoüer
vne chose que nótre conscience des-auoüe. Cela fait, s’il y
a offense, je serois d’auis que celuy qui fait l’éclaircissement, conuie
l’offensant de choisir vn amy, & de l’aller trouuer auec luy, pour
conuenir ensemble du combat, si on ne le peut de la satisfaction.
Ce combat resolu, l’offençant sera conduit le premier sur le pré, ou
celuy qui aura fait l’éclaircissement, le laissera auec son amy, tandis
qu’il ira chercher le sien pour les mettre aux mains, & pour estre
plûtost les juges de leur combat, que leurs seconds ; Le tout neantmoins
auec cette obligation de les separer au premier sang, si l’offense
est legere. Mais si elle estoit si criminelle, qu’elle pust deshonorer
l’offensé, les seconds alors laisser ont faire leurs amis, &
ne les pourront separer que de leur consentement. I’entends que
le tout se passe comme estant ignoré de V. M, & plûtost par tolerance
que par vôtre permission. Quoy que cette tolerance de combat
paroisse vn peu dure, & peu Chrestienne, elle a neantmoins en
elle plus de police & de seureté pour la vie des hommes, qu’il n’y en
a dans la seureté d’vn Edict mal obserué. Premierement, par la defense

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Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.