Anonyme [1649], TROSIESME DISCOVRS D’ETAT ET DE RELIGION, A LA NOBLESSE DE NORMANDIE. , françaisRéférence RIM : M0_1106. Cote locale : A_2_37.
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& d’abandonner le camp des vainqueurs aux
vaincus, où ils pourroyent du reste de leurs débris
r’amasser de nouvelles forces. Vos interrests
particuliers seroyent peut-estre trop foibles
pour vous y faire resoudre, si tout vn
peuple ne ioignoit & les siens & ceux du
Royaume aux vostres : Et si la solidité de vôtre
jugement ne vous suggéroit pas que c’est
de vous, que l’Estat de nostre jeune Monarque
attend des colomnes inébranlables pour
l’appuyer de toutes parts.

 

Pouriez-vous refuser, Messieurs, pouriez-vous
refuser aux pleurs & aux soûpirs de tant
de pauvres vne goûte de vostre sang, dont
vous estes quelquesfois si prodigues, en des
occasions ou vostre naissaince vous engage,
pour obtenir ce que l’on leur refuse : & il faudroit
que uostre uertu se démentit elle-mesme
pour les frustrer de leur esperance dans
cet Illustre Rencontre.

La fin n’en peut estre que glorieuse, puis
que le sujet en est si juste, & tant de marques
de piété que vous avez tousiours tesmoignées
envers eux, ne peuvent pas estre séparées de
uostre esprit, à moins que de vous rendre disemblable
à vous mesmes.

Il est certain, Messieurs, que cette dissemblance

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Anonyme [1649], TROSIESME DISCOVRS D’ETAT ET DE RELIGION, A LA NOBLESSE DE NORMANDIE. , françaisRéférence RIM : M0_1106. Cote locale : A_2_37.