Anonyme [1649], LA VERITABLE CONDVITE DV COVRTISAN GENEREVX. , françaisRéférence RIM : M0_3925. Cote locale : A_5_107.
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des bons conseils qui deffendent vn Royaume de l’artifice
de ses ennemis, la prudence qui s’obserue & en paix & en
guerre, sont des effets & les compagnes ordinaires de cette
diuine Philosophie ; si la perfection des Estats mesme des
moins nobles consiste dans leur action. Si le propre de Dieu
est de tousiours agir, comme des Cieux de mouuoir ; du Soleil
d’esclairer ; du feu d’eschauffer ; l’operation seule est donc ce
qui met de la difference entre la puissance, & l’impuissance.
Oüy certes le fort & le foible semblent vne mesme chose pendant
qu’ils ne font rien ? le soldat poltron a autant d’auantage
que le plus courageux, lors qu’il ne se presente aucune occasion
de combattre, le repos égalle la valeur de celuy-cy à la timidité
de l’autre : le plus ignorant homme du monde paroist
autant dans les compagnies que le plus habile, lors qu’il est
question seulement de garder le silence, & d’escouter auec
modestie ceux à qui la naissance a donné authorité de parler.
Il est bien difficile de pouuoir discerner vne femme chaste d’auec
vne autre qui ne l’est pas, quand elles ne sont ni caiollées,
ni poursuiuies : il n’y a point de disproportion, ou pour le
moins elle est bien difficile à remarquer entre Hector & Nirée,
entre Teane & Macque, entre Dauid & Saül, quand ils
sont tous égallement endormis. Comme donc les actions sont
les preuues asseurées, & les témoignages infaillibles de la
grandeur de courage, & de la vertu, il s’ensuit que le Courtisan
genereux est d’autant plus vaillant & capable de deffendre
son Souuerain, par consequent aussi de se conseruer en ses
bonnes graces qu’il possede parfaitement la science de la Philosophie,
puis qu’elle ne hayt rien plus que l’oisiueté, & que
cette science n’est ni insolente, ni flatteuse, ni lasche, ni temeraire,
ni audacieuse, ni craintiue. Si les Roys, comme il
est vray, sont les rayons de la Diuinité, & les parfaites images
d’vne puissance qui est Souueraine & independante, ne doiuent-ils
pas esperer de nouuelles perfectiõs du Courtisan qui
est Philosophe ; puisque le Philosophe est vn Sculpteur excellent,
qui auec la delicatesse de son burin & les caracteres
de son esprit forme les ames à la ressemblance de Dieu : ou
pour mieux dire, c’est vn Peintre, qui pour les faire prend son
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Anonyme [1649], LA VERITABLE CONDVITE DV COVRTISAN GENEREVX. , françaisRéférence RIM : M0_3925. Cote locale : A_5_107.