Anonyme [1649], LA REVNION DES ESPRITS. , français, latinRéférence RIM : M0_3535. Cote locale : C_9_84.
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elle ne doit pas nous faire peur : nous sommes
assez forts pour nous deffendre, & pour vaincre ;
pourueu que nous soyons assez sages
pour nous reünir, & nous reconcilier. Que
tous les François soient amis, ils n’ont pas assez
d’aduersaires dans le reste de l’vniuers : on
a souuent veu toute l’Europe contre la France ;
mais si elle choque sa grandeur elle l’affermit ;
si elle tasche de diminuer sa gloire elle
l’augmente ; si elle la combat elle l’oblige
à triompher. Iamais nostre Empire n’a succombé
que par luy mesme, & il luy est fatal
d’estre tousiours la cause de sa destruction.
Rome qui dans peu d’années s’est renduë la
Maistresse du monde, employe plusieurs siecles,
pour trouuer sa premiere entrée dans
les Gaules ; iamais Cesar ne les auroit vaincuës,
s’il ne les auoit diuisées ; il a fallu qu’il
ait ruiné les Peuples de l’Auuergne par les
Autunois & ceux cy par leur propre foiblesse.
L’Angleterre seroit encore vne Isle inconnuë,
si les mariages ne luy auoient partagé
nos Prouinces, & la trahison donné plus
de la moitié de nos Princes. Dans la derniere
ligue, l’Espagnol qui se vantoit de posseder
autant de terres, que le Soleil en regarde,
n’auroit pas eu la hardiesse d’entreprendre
sur nous, si le François ne l’eust serui contre
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Anonyme [1649], LA REVNION DES ESPRITS. , français, latinRéférence RIM : M0_3535. Cote locale : C_9_84.