Anonyme [1649], LA REVNION DES ESPRITS. , français, latinRéférence RIM : M0_3535. Cote locale : C_9_84.
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de ceux qui ne respirent que le sang des bons
François, me laisseroient encore dans l’assoupissement
respectueux qui a long temps
engourdi ma vigueur & dérobé mes lumieres ;
si les mal heurs qui sont inéuitables à nos
vies & à nos fortunes, ne commençoient d’estre
perilleux à l’Estat & à la personne mesme
du Prince. Ie ne reçois plus les excuses de
ma foiblesse, ie ne puis plus estre surpris des
illusions de l’erreur. Ce n’est pas vn Ministre
qu’on attaque, ni vne ville qu’on veut
desoler ; c’est le Royaume que ie voy sur le
bord de son precipice, & sur la derniere demarche
de sa ruine : peut on garder le silence
sans perdre la pieté ; qui ne soulage sa Patrie,
consent à sa destrustion. Vn fils muet
dés la naissance, n’apperceut pas plustost la
dague sur la gorge de son pere, qu’il l’auertit
du danger qu’il couroit, retenant ainsi la
main du Parricide ; la nature l’auoit empesché
de parler iusques alors, l’amour le rendit
éloquent iusques à persuader. Pourrois-ie
voir la France dans l’Estat pitoyable où elle
est, sans dire à tous ses enfans, qu’elle va
perir, s’ils refusent de la sauuer. Ie ne pretens
pas d’estre la triste Cassandre, qui luy annonce
ses mal-heurs ; mais bien vn charitable
Medecin, qui luy en montre les remedes.
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Anonyme [1649], LA REVNION DES ESPRITS. , français, latinRéférence RIM : M0_3535. Cote locale : C_9_84.