Anonyme [1650], LA POLITIQVE SICILIENNE, OV LES PERNICIEVX desseins du Cardinal Mazarin; Declarés à Monseigneur le Duc DE BEAVFORT de la part de toutes les Prouinces de France. , françaisRéférence RIM : M0_2817. Cote locale : A_9_26.
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Ville, pour perdre par elle tout le Royaume, en y souffrant
celuy qui le destruit. Voyez que toute la France pretend
vous auoir l’obligation de l’auoir deliurée des maux qu’elle
souffre, apres qu’elle vous les a descouuerts.

 

Messieurs de Paris, toute la France considere vostre Ville
comme la capitale du Royaume, comme la Maistresse,
& comme la demeure de son Roy : Soubs ces beaux titres
dont nos Monarques vous ont enrichie prealablement à
toutes celles de France ; tout le Royaume a tousiours esperé
estre secouru, & receuoir du soulagement par vostre
moyen : Mais presentement que toutes les Prouinces que
vous auez engagées à vostre secours se voyent absolument
abandonnées à la tyrannie de celuy que vous auez obligé
de persecuter ; & qu’au lieu de pouuoir esperer du soulagement
de vous, nous voyons celuy que vous nous auez fait
cognoistre pour le plus meschant du monde, estre renfermé
dans vos murs, estre protegé dans Paris, & s’y semble
poussé à nous acheuer de perdre, parce que nous auons creu
vous rendre du seruice. Ne vous imaginez pas qu’vne telle
ingratitude ne nous soit bien sensible, & qu’elle ne puisse
obliger tous les peuples à chercher ses asseurances dans
leurs maisons par vostre perte. On ne peut plus souffrir la
tyrannie d’vn Estranger estre si cruellement exercée sur les
François, par la protection que Paris donne au tyran. Nous
sçauons bien que vostre Ville ne subsiste pas d’elle mesme,
& que vostre vie est entre les mains des peuples de nos Prouinces.
Il semble que Paris soit satisfait, parce que son ennemy
& le nostre luy a sacrifié trois Princes, qui ne leur ont
donné sujet de haine que pour auoir protegé le Cardinal
Mazarin. Si c’estoit Monsieur de Beaufort ou vous qui
l’eussiez mis dans les fers pour vous en venger ; on gousteroit
en quelque façon vostre aueuglement. Contentez-vous
de luy auoir fait cognoistre la faute qu’il fit de soustenir
vostre ennemy en souffrant son emprisonnement. Recognoissez
les bons seruices qu’il a rendus à la France ; le

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Anonyme [1650], LA POLITIQVE SICILIENNE, OV LES PERNICIEVX desseins du Cardinal Mazarin; Declarés à Monseigneur le Duc DE BEAVFORT de la part de toutes les Prouinces de France. , françaisRéférence RIM : M0_2817. Cote locale : A_9_26.