Anonyme [1650], LA POLITIQVE SICILIENNE, OV LES PERNICIEVX desseins du Cardinal Mazarin; Declarés à Monseigneur le Duc DE BEAVFORT de la part de toutes les Prouinces de France. , françaisRéférence RIM : M0_2817. Cote locale : A_9_26.
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donne au diable s’il en sçait rendre bon conte d’vn sol ? Cat
en quoy l’a-il employé, est-ce au payement des Officiers de
la maison du Roy ? est-ce pour l’entretien de sa Majesté, ou
pour payer ce qu’il emprunte tous les jours ? est-ce au payement
de l’armée Nauale, ou celuy de nos garnisons, ou celuy des
armées de Flandre ou de Catalogne, il n’a garde de dire
oüy : Car il en reçoit tous les jours des démantis par les plaintes
que tout le monde luy en fait. Par là nous voyons clairement
qu’il garde tout pour luy, & ne nous laisse rien ; voila
comme il est necessaire en France : mais ce n’est que pour le seruice
du Roy d’Espagne, pour lequel il trauaille.

 

Iamais Royaume n’a esté si abandonné, ny authorité
Royale si destruite, ny Conseil d’Estat si mal conduit que
celuy de la France est à present, puis qu’il consiste dans la
teste de trois demons, ou pour mieux dire dans la teste de
trois personnes endiablées : sçauoir par le caprice de deux
femmes, qui ont seduit par leurs flatteries l’esprit de la Reyne,
& par vn Espagnol payé de son Roy pour faire perir le nostre.
Chose espouuentable, que la France qui a la reputation entre
tous les Royaumes du monde, d’estre le mieux gouuerné
en consequence des Cours Souueraines & des Princes
du Sang ; & maintenant il se rencontre que tous les Parlements
laissent prendre sur eux vne certaine surintendance
par deux femmes & vn estranger, qui n’est enuoyé que pour
faire naistre des troubles en France, & pour faire perdre
tous ceux qui l’en peuuent empescher. Le traistre sçauoit
bien qu’il ne pouuoit faire de meilleure association que celle
des femmes, & des femmes prodigieusement vicieuses, puis
qu’aux despens du peuple elles pretendent souler l’enuie qu’elles ont
de se venger des Princes, qui à la fin vous seront necessaires plus que
l’on ne croit : puis que les plus sages d’entr’-elles ont tousiours
renuersé tout ce qu’elles ont eu en maniement ; Et ce perfide
n’ayant pour but que le renuersement de cette Monarchie
apres s’estre bien enrichy, il n’auoit qu’à leur en donner
la conduite auec luy pour auoir plustost fait, qui sont

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Anonyme [1650], LA POLITIQVE SICILIENNE, OV LES PERNICIEVX desseins du Cardinal Mazarin; Declarés à Monseigneur le Duc DE BEAVFORT de la part de toutes les Prouinces de France. , françaisRéférence RIM : M0_2817. Cote locale : A_9_26.