Laffemas, abbé Laurent de [?] [1649], PLAINTE DV CARNAVAL, ET DE LA FOIRE S. GERMAIN EN VERS BVRLESQVES. , françaisRéférence RIM : M0_2794. Cote locale : D_2_26.
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Et lors que l’on estoit dedans
L’on y voyoit autant de gens
Que de sortes de marchandises,
De meubles, & de friandises :
C’est là qu’on voyoit des tableaux,
D’hommes, de bestes, & d’oyseaux,
Et que l’on voyoit en nature
Ce que l’on voyoit en peinture.
Et ce qu’ailleurs on ne void pas
C’est là qu’on a veu de gros chats
Enfermez dans de belles cages,
Oublier leurs humeurs sauuages.
C’est là qu’auec certains iettons
Qui valent souuent dix testons,
On ioüoit vaisselle, & monnoye,
L’vn estant triste, & l’autre en ioye.
Ce destable Cardinal
Outre le festin, & le bal
Priue Paris de ses delices,
Luy qui n’aime rien que les vices.
Si c’estoit vn graue Caton,
N’eust il pas de barbe au menton,
Mesme s’il estoit vn peu sage,
S’il estoit sçauant personnage,
Ie souffrirois sans murmurer
L’affront qu’il me fait endurer,
Mais n’estant qu’vn sot, qu’vn pagnot,
N’ayant dans sa teste à calote
Que de la fumée, & du vent
Ie le trouue trop insolent.
Toutesfois malgré sa malice
Qui me rend ce mauuais office
Dans mon extreme affliction
I’ay cette consolation
Que mon ennemy le Caresme
De luy sera traité de mesme,
Et qu’on ne l’obseruera pas
Non plus que moy dans les repas ;
Ainsi se ioignant à la France
Qui le va poursuiure à outrance,
Le Caresme & le Carnaual
Feront la guerre au Cardinal.

 

FIN.

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Laffemas, abbé Laurent de [?] [1649], PLAINTE DV CARNAVAL, ET DE LA FOIRE S. GERMAIN EN VERS BVRLESQVES. , françaisRéférence RIM : M0_2794. Cote locale : D_2_26.