Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652], LES INTERESTS DV TEMPS. , françaisRéférence RIM : M0_1718. Cote locale : C_12_2.
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à Monsieur le Prince par necessité, la conduite qu’il auoit prise
par choix. Le peu d’ordre qu’il a mis dans son party fait qu’il ne
peut pas estre assez puissant pour se rendre le maistre des affaires,
le grand éclat qu’il a fait contre la Cour, fait qu’il n’y peut
plus prendre de confiance que par des establissemens qu’il aura
tousiours dessein d’obtenir, & qu’il n’obtiendra pourtant iamais,
par ce qu’il n’a pas pris ses mesures assez iustes, ou pour se
les procurer par la douceur, ou pour les acquerir par la consideration
du party qu’il a formé.

 

Il est donc éuident, que M. le Prince s’est imposé à luy-mesme
par sa mauuaise conduite, la funeste necessité de conseruer
tousiours le Card. Maz. par ce qu’il ne peut auoir d’esperance
de faire reüssir ses desseins, que sous vn ministere aussi foible
que le sien, & de perpetuër la guerre en France, parce qu’il ne
peut auoir de paix auec luy, ou il trouue sa seureté, que par des
establissemens qui ne pouuoient estre accordez qu’à la force
du party, qui a perdu toute sa vigueur par le peu d’ordre qu’il y
a mis : Il est donc vray, que l’interest necessaire de Monsieur le
Prince est de conseruer le Mazarin, & de rompre en toutes occasions
la paix.

Il faut auouer qu’il y a beaucoup de raison dans le reproche,
quel on fait au Cardinal de Retz, de n’auoir pas connu ses veritables
interests, quand il n’est pas demeuré precisement dans
les bornes de sa profession, & il est certain, que s’il ne se fust seruy
des talens que Dieu luy a donnez, que dans les fonctions
Ecclesiastiques, il eust reüssi dans la reputation des hommes,
d’vne maniere qui n’eust pas esté à la verité si releuée, mais qui
luy eust donné plus de douceur, qui eust este exposée à beaucoup
moins d’enuie, & qui sans contredit eust eu plus d’approbation
parmy toutes les personnes de pieté : A parler Chrestiennement,
ce raisonnement est iuste, quoy qu’il puisse receuoir
des exceptions, & qu’il soit veritable que le Cardinal de
Retz n’est point blasmable mesme selon les regles les plus
estroites, s’il se trouue en effet qu’il ait esté engage dans les affaires
(comme il a paru) par le siege de Paris, dont les interests
luy doiuent estre si chers, non pas seulement par la politique,
mais mesme par la raison & par le deuoir, que l’on peut dire auec

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Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652], LES INTERESTS DV TEMPS. , françaisRéférence RIM : M0_1718. Cote locale : C_12_2.