Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR le Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : D_2_13.
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les Villes du monde.

 

Quoy ! ce Parlement qui s’est doüè à la posteritè de l’Estat seroit
liure ? V. A. refuse d’abandonner l’ẽnemy du Royaume, & nous vous
en abandonnerions vos protecteurs, que deuiendrions nous ? que
deuiendroit Paris, que le theatre d’vne proscription plus sanglãte
& plus frequente que Constantinople ? vous auez pour pretexte
l’authorité d’vn Roy Mineur : en quoy peut-elle auoir esté violée
en la personne d’vn vsurpateur, que le Parlemẽt poursuit pour rẽdre
compte des Finances qu’il à vollées, & au Prince Pupille, & á
son Estat, & quil á transportées hors du Royaume. Le Parlement
qui à veriffiè la Regence de la Reine, l’à-il érigèe en tyrannie pour
Iule Mazarin Sicilien, & ennemy originaire de la Frãce : s’est il absolumẽt
demis de la conoissance quil à droict de prendre des affaires
publiques, & ceux que les Roys reconnoissent pour Iuges de
leurs causes Ciuilles & des conspiratiõs des Princes du Sang ; n’auront
ils point ce droict contre vn homme si inferieur à leur qualité.
Peut-il estre leur Iuge si cette auguste Compagnie n’est Iusticiable
que de soy seule, si vous ne le pouuez estre vous mesme qu’auec eux,
& si les Roys sousmettent leurs interests á leur arbitre.

L’Empereur Nerua protesta en plain Senat quil ne permettroit
iamais la mort d’aucun des Senateurs, & il garda sa parole enuers
ceux mesme que l’on accusa d’auoir attenté á sa vie. Ce sage Prince
n’ordonna iamais rien de son mouuemẽt & prenoit le conseil des
principaux. Enfin Adrian quoy que cruel, iura encor quil ne soufriroit
point qu’vn Senateur fut condamné que par le Senat. Il en á
esté de mesme de nos Roys ; les plus anciens auoient accoustumé de
resoudre toutes les affaires de l’Estat dans les champs de Mars, puis
de May : parce que dãs ces mois il se faisoit vne Cõuocation d’Estats
pour aduiser aux besoins, & à la Reformation du Royaume. Ils ont
depuis transportè ce droict au Parlement de Paris, auec mesme authorité,
pour estre Iuge équitable entre eux & le Peuple, ils y ont
gardé leur place, & y ont assignè d’autres aux Princes, & aux plus
grands de leurs Couronne.

Vostre Altesse est nèe Conseiller de cette Cour Souueraine, qui
est la veritable Image du Senat Romain sous les Empereurs. C’est
le vray lieu du Throsne de nos Roys, & le veritable Cõseil de Paris,
de toute la France, & des Nations mesmes Estrangeres qui sy sont
soumises, l’on ny trauaille que pour la gloire & par l’honneur : Ces

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Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR le Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : D_2_13.