Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ. , français, latinRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : C_3_22.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 12 --

promettre vne Scene Tragicomique de nos Magistrats, & des
principaux Bourgeois de Paris, traisnans les chaisnes de leur ville
à la suite de vostre triomphe. Ils font vne mauuaise application
du seul exemple qui soit dans nos Croniques, qui nous en donnent
beaucoup d’autres du supplice de la corde, qu’ont subi leurs
semblables, & qu’ils ne peuuent éuiter que par le feu, qui doit
estre la punition de quelques-vns.

 

Ce n’est point icy le tumulte extrauagant d’vne insolente populace,
c’est vn armement necessaire, authorisé par ceux qui sont
les depositaires de l’authorité du Roy dans sa minorité, contre
l’ennemy de son Estat, & pour la liberté ancienne. C’est plutost
vne inspiration du Ciel qui demande la ruine des meschans, &
qui les veut oster de dessus la face de la terre : & la confiance que
nous auons en sa misericorde, & la consolation d’vne mort glorieuse,
plus desirable qu’vne vie languissante, nous rendent plus
aguerris que la plus vieille milice. Tout le Royaume est dans vne
mesme vnion, & dit comme les Machabées : * Releuons l’abaissement
de nostre peuple, & combattons pour nostre nation, & pour nostre loy, &
pour nos Saints. Nos Rois sont nos Dieux, & nos Parlemens, & nos
Pasteurs sont nos Saints. Ils ont l’esprit de Dieu, & nous peuuent
dire : Ne craignez point la puissance ny le nombre de vos ennemis, soustenez
courageusement, Et ne tremblez point, le Seigneur aura pitié de nous,
il va de faire aujourd’huy cette armée en nostre presence, et les estrangers
apprendront que nous auons qui nous deffende & qui nous deliure d’esclauage.
Il y a long-temps que tant de saintes ames implorent la Iustice
Diuine contre cet ennemy de la paix publique, & contre ses supposts,
& le Ciel ne resonne à present d’autres Echos que de ces
paroles : Mon Dieu vangez-nous de cet homme & de son armée, faites-les
tomber sous le glaiue : Vueillez vous ressouuenir des blaspéhmes de ses
gens, & ne l’endurez pas plus long temps sur la terre.

[2 lignes ill.]
pepuli nestri,
& [1 mot ill.]
propopulo nostre,
& Banctis
nostris.

Ne timueritis
[17 lignes ill.]

[6 lignes ill.]
[1 mot ill.] corum,
& ne doderis
eis,
vt permaneunt,
ibid.

Vne seule consideration retient nostre courage, & c’est pourtant
ce qui nous anime dauantage ; c’est que nous ayons à combattre
au nom du Roy contre nos freres, qui ont suiuy le Roy
quand ce Rauisseur de tout ce que nous auons de plus cher & de
plus precieux nous l’a enleué, & contre des Princes, que cet
imposteur aueugle pour rẽdre sa ruine plus celebre par leur peril,
ou par leur perte. Nous prions Dieu que cette guerre se termine
plus doucement, & qu’il vous illumine de la mesme grace qu’il
respandit sur la Noblesse de Bretagne sur le point de s’entretuër

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ. , français, latinRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : C_3_22.