Anonyme [1649], LE BANDEAV LEVE DE DESSVS LES YEVX DES Parisiens: Pour bien juger des Mouvemens presans; & de la partie, qu’eux & tous les bons François y doivent tenir. , françaisRéférence RIM : M0_574. Cote locale : A_3_19.
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touchons, les trouvent dans cet abus de la Iustice, lequel l’ayant
renduë arbitraire & remis en la liberté des Cours Souveraines
de se dispenser de la Loy & de l’Ordonnance, a mis l’honneur, la
vie, & les biens des hommes en leur puissance ; Ce qui les ayant
fait craindre & respecter d’vn chacun, les Compagnies dont le ressort
s’est trouvé grand comme celuy de Paris, se sont tellement enflez
de ce pouvoir excessif, que ne se contentant pas de voir les particuliers
assujetis à leurs volontez, dont par ce moyen ils dependent,
elles on voulu étendre leur domination jusques sur Leurs
Majestez & sur leur Conseil.

 

A ces Mouvemens encore n’a pas peu servy le prix excessif, où
l’ambition des hommes en cette consideration a fait mon en leurs
Offices, qui n’en vaudroient pas le quart ; s’ils les exerçoient selon
leur institution & conformément aux Ordonnances : & comme au
payement de ces sommes immenses, plusieurs d’entr’eux se sont
obligez au delà de leur bien & de celuy de leurs femmes, le mauvais
estat où se trouvẽt leurs affaires les rend, cõme dit Salustre[1 lettre ill.] en la
conjuration de Catilina, autant amateurs de chãgement dans l’Estat,
que les autres de la tranquilite publique : qui est aussi l’vne des
causes de la dissention qui se trouve dans ce Corps : la plus faine
partie estant contrainte de ceder à l’autre qui les a fait assembler
plusieurs fois contre les defenses expresses de leurs Majestez, &
prendre des resolutiõs en leurs assemblées, lesquelles si elles n’eussent
tendu, comme elles devoient, qu’à supplier le Roy & son Conseil,
de remedier aux desordres qu’ils trouvoient en ses Finances,
& aux autres abus dont ils se plaignent, ils ne les eussent pas fait
imprimer & publier, comme ils ont fait, avant que la Déclaration
du Roy y fust intervenuë : derobans par ce peculat à sa Majesté l’affection
de ses peuples pour se l’appliquer par vn moyen infaillible
à se faire agréer de tout le monde, c’est à dire en publiant qu’il ne
faloit plus payer.

Moyen d’autant plus lasche, que ce Corps l’employa en vn temps
où la crise des affaires mettoit l’Estat en péril, & se servir de l’avantage
qu’vn ennemi généreux n’auroit pas voulu prendre sur son
ennemi, si occupé & affoibli par vne si longue maladie, dans la
minorité de son Roy, lors que l’Espagnol puissamment armé sur la
frontiére estoit prest d’entrer en France : comme il eust fait, si la
mémorable Victoire de Lens ne luy eust fait barriere.

Le Conseil du Roy, bien qu’il connust la mauvaise intention des
demandes de ce Corps, ainsi faites à contretemps, n’ayant pas laissé

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Anonyme [1649], LE BANDEAV LEVE DE DESSVS LES YEVX DES Parisiens: Pour bien juger des Mouvemens presans; & de la partie, qu’eux & tous les bons François y doivent tenir. , françaisRéférence RIM : M0_574. Cote locale : A_3_19.