Anonyme [1649], LE BANDEAV LEVE DE DESSVS LES YEVX DES Parisiens: Pour bien juger des Mouvemens presans; & de la partie, qu’eux & tous les bons François y doivent tenir. , françaisRéférence RIM : M0_574. Cote locale : A_3_19.
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Pour en iuger, voyons quels ils sont.

 

Sans s’arrester à ce qu’ils en ont publié dans leurs écrits, notamment
dans celui qui est intitulé. Le Contract de mariage du Parlement
avec la Ville de Paris, qui ne se peut lire sans l’indignation
de tous les gens de bien : Le premier de ces desseins, qu’ils ne peuvent
desavouer, puis que c’est la principale question qui les arreste
auiourd’huy, nous fera connoistre le reste. Ils veulent donner des
Ministres au Roy, changeans ceux qui ne sont pas à leur gré, qui
seroit proprement estre les maistres & les Directeurs du Conseil
du Roy & de la personne du Roy mesme (comme il a paru en ce
qu’ils ont osé appeller enlevement, sa sortie de Paris sans leur congé)
puis qu’il ne se feroit rien dans la Cour que par leurs ordres
& par ceux de leurs creatures. Iugez où les affaires d’Estat en
seroyent reduites, comment le secret seroit obserué entre trois
cens curateurs du Roy, ausquels vn beaucoup plus grand nombre
tiré des autres Parlemens & Cours Souveraines auroit mesme
pouvoir qu’eux de s’adioindre.

Qui nous cautionnera que ces Ephores non au nombre de sept
comme à Lacedemone, mais de plus de sept fois septante, pourroyent
convenir entr’eux du chois de ces Ministres, & demeurer
d’accord du reste. A faute dequoy, combien de mouvemens & de
guerres ciuiles nous causeroyent leurs differans avis & interests
de tant de diverses familles ? Y auroit il assez de finance en l’épargue
pour contenter leur avidité, assez de charges & d’honneurs
pour satisfaire à leur ambition ? Car de se feindre vne République
où les hommes fussent sans ces passions & sans toutes les autres,
elle ne se trouveroit pas mesmes chez Platon.

Et quand ils seroient tombez d’accord de mettre d’autres Ministres
& d’autres Officiers de la Couronne à leur dévotion, qui nous
asseurera qu’ils feront mieux que les autres ? Ne voyez vous pas
que, sans parler des guerres perpétuelles ausquelles donneroit lieu
le iuste interest de nos Princes, tant qu’ils eussent exterminé,
comme ils feroient vray semblablement, tous ces Ixions, nous
ne serions pas plus avancez que le premier iour. Pourquoy donc
travailler ainsi en vain & pour obtenir vne chose non seulement
incertaine, mais qui nous plongeroit en de plus grands maux &
moins remediables qu’à présent ?

Ceux qui recherchent de plus loing les causes de nos troubles
présens pour y apporter le reméde aux Estats généraux que nous

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Anonyme [1649], LE BANDEAV LEVE DE DESSVS LES YEVX DES Parisiens: Pour bien juger des Mouvemens presans; & de la partie, qu’eux & tous les bons François y doivent tenir. , françaisRéférence RIM : M0_574. Cote locale : A_3_19.