Anonyme [1649], LE BANDEAV LEVE DE DESSVS LES YEVX DES Parisiens: Pour bien juger des Mouvemens presans; & de la partie, qu’eux & tous les bons François y doivent tenir. , françaisRéférence RIM : M0_574. Cote locale : A_3_19.
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bannissoit : Seulement vous remarqueray-je, que ceux qu’on a
detesté en vn temps, sont souvent tenus pour des Saints en vn autre :
Tant nostre humeur est volage : Ce qui n’empesche pas que le
pauvre peuple ne patisse tousiours de ces iugemens temeraires.

 

Toutes ces raisons cessant, qu’vn esprit non passionné jugera possible
dignes de quelque consideration, voyons, comme dit Bodin
en sa Republique, parlant des changemens qu’on fait en vn Estat,
si le vieil edifice de nostre Monarchie ne recevroit point plus de
dommage par l’ébranlemẽt qu’on lui apporteroit en l’application
de nouveaux materiaux, que d’affermissement par ce changement-la :
veu que nous sçavons bien ce que nous voulons quiter, mais non
pas ce qui lui succedera : Et si la fin participe de ses moyens, iugeons
par la comparaison du gouvernement que le Parlement de Paris
impugne, & par celuy qu’il exerce à present, auquel des deux il
vaudroit mieux se ranger.

Il se plaint des grandes charges du Peuple, & des profusions des
sommes qui ont esté employées à la solde de plus de cent mille
hommes de guerre, qui ont si glorieusement combatu pour la dignité
de cette Couronne ; & ce pendant ils ont pour faire la guerre
au Roi, plus despensé d’argent en deux mois, que sa Maiesté ne
faisoit en six, contre les ennemis declarez de la France.

Ils ont voulu reduire le Roy à ne retenir point sans l’interroger,
plus de 24 heures vn prisonnier d’Estat, & ils ont en ce temps rempli
la seule Bastille, de plus d’accusez (dont la pluspart n’en sçavent
pas encore le suiet) qu’il n’y en a eu durant les six années qu’a duré
la Regence.

Ils ont blasmé les partizans d’avoir ruїné les affaires du Roy, &
eux ont rafflé toutes ses tailles qui devoient entrer en son épargne,
& tous les autres deniers publics, iusques à avoir vendu le sel des
greniers de sa Maiesté à la moitié de son prix, sans avoir oublié l’argent
de plusieurs particuliers sur lequel ils ont pû mettre la main,
qu’ils ont confisqué sans forme de iustice.

Ils se sont plaints qu’on leur ostoit leur liberté, & ils ont leur
tenu iusques aux Ambassadeurs & aux Evesques prisonniers dans
Ville.

Mais possible que leur gouvernement, que Dieu nous reserve
apres que les troupes de Paris, & celles que luy promettent les
Princes & Seigneurs mal-contans, auront dissipé toutes les armées
du Roy, sera plus doux, lors qu’ils seront venus à bout de leurs desseins.

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Anonyme [1649], LE BANDEAV LEVE DE DESSVS LES YEVX DES Parisiens: Pour bien juger des Mouvemens presans; & de la partie, qu’eux & tous les bons François y doivent tenir. , françaisRéférence RIM : M0_574. Cote locale : A_3_19.