Anonyme [1649], LE BANDEAV LEVE DE DESSVS LES YEVX DES Parisiens: Pour bien juger des Mouvemens presans; & de la partie, qu’eux & tous les bons François y doivent tenir. , françaisRéférence RIM : M0_574. Cote locale : A_3_19.
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justes, c’est impieté contre le Ciel, c’est attentat contre le Roy,
de se mutiner à l’encontre, & vouloir, à la mode des geans de la
Metamorphose, employer la force pour contraindre à obeïr celuy
qui doit commander : Iamais, ce dit Philippes de Comines, aucun
suiet ne s’est bien trouvé d’auoir mesmes essayé de faire peur à son
Maistre.

 

Tout ce qui s’écarte tant soit peu de l’entiere obeyssance, ouvre
la porte à la révolte, dont la temerité fait marcher d’vn pas égal ses
raisons avec celles du Souverain : voire se donne tousiours l’avantage,
& fait perdre d’abord aussi aisement la bonne cause, que David
perdit la sienne devant son peuple debauché par les caioleries
d’Absason : n’y ayant rien de plus aisé à suborner que les affections
d’vne populace, à qui la domination presente est tousiours odieuse.
Mais le retour n’est iamais loin, comme il se void en l’histoire
de ce Roy, &, entre tant d’autres, en celle de ce Royaume, qui
malgré tous ses factieux se trouve en son premier estat depuis tant
de siecles.

Se dispenser icy de cette Loy, c’est rendre la condition d’vn Roy
de France, dont les prerogatiues surpassent celles de tous les autres
Monarques du monde, inferieure à celle du moindre de ses Generaux
d’armées, voire de ses Capitaines : aux ordres desquels vn
Soldat n’oseroit resister ni reuoquer en doute sa puissance, & refuser
l’obeїssance au moindre Officier qu’il aura establi sur luy & sur
ses compagnons. Sans parler de l’Eglise, laquelle ouvriroit la porte
à toutes sortes d’heresies ; si elle donnoit la licence à chacun de
resister à son Chef : Et ceux qui employent auiourd’huy le nom de
Parlement pour faire tant de bruit, voudroyent-ils qu’il fust permis
à d’autres qu’à ceux de leurs Corps, de donner des Arrests en
la matiere qui leur est commise, quelque iustice evidente qui parust
dans les griefs d’vne partie opposante à leur execution : qui n’est pas
mesme empéchée par les requestes civiles qu’on leur presente ? D’où
vient donc qu’ils ne rendent pas au Roy en leur cause la justice à
laquelle ils veulent que tous les autres se tiennent ?

Mais posé que le pouvoir du Roy ne fust plus Souverain : à
quoy ne sçauroit consentir aucune ame, non seulement Françoise,
mais Chrestienne, puis que nostre Seigneur & ses Apostres s’y sont
eux mesmes assujettis & nous ont enioint d’estre suiets aux puissances
Souveraines : mais raisonnable, puis que c’est le droit des gens
qui ne se peut violer sans passer pour brutaux : si est ce que cette

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Anonyme [1649], LE BANDEAV LEVE DE DESSVS LES YEVX DES Parisiens: Pour bien juger des Mouvemens presans; & de la partie, qu’eux & tous les bons François y doivent tenir. , françaisRéférence RIM : M0_574. Cote locale : A_3_19.