Anonyme [1649], DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_871. Cote locale : C_7_3.
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vostre corps, serue d’instrument au Demon, pour inspirer dans
l’esprit d’vne si vertueuse Princesse des sentimens si barbares ? Et
que vostre chair viuante, & vostre sang tout boüillant, puissent
compatir auec eux, dans vn mesme cœur, des Maximes si cruelles
& si inoüyes ?

 

Que vostre Majesté, Madame, pardonne ce transport à me
douleur, c’est pour son interest, & non pour le mien, que je me
sens animé : l’honneur qu’elle me fait de m’escouter quelquesfois,
& de me communiquer auec confiance de ses actions de pieté,
ne permet pas que je souffre auec silence, l’outrage signalé que l’on
fait en ce poinct, & à sa conscience, & à son honneur. Il faut que
je crie, & que je fasse violence, pour la garentir des mains de ces
harpies, qui s’efforcent par ces malheureux dogmes de sacrifier
son ame aux Enfers, & sa reputation à vne infamie eternelle. Oüy,
Madame, c’est leur but, & non pas le repos de vostre cœur. Ils tachent,
comme Satan fit à nostre Seigneur, de seduire vostre creance
sous le manteau de la vertu, sçachant bien qu’ils n’en viendroient
pas à bout sous celuy du vice ; & apres, mais en vain, auoir
employé tous leurs efforts, pour rendre vos mains sacrileges en les
armant contre le Sanctuaire ; ils les arment contre le peuple sans
distinction de sexe, d’âge, ny de profession ; afin qu’ils fassent par
cette voye ce qu’ils n’ont pû faire par l’autre ; & que le sang des enfans
à la mammelle meslé auec celuy de leurs meres, celuy des
Prestres parmy celuy des Laïques ; & celuy des Vierges consacrées
à Dieu auec celuy des autres filles ; ils dressent vne hecatombe
aux Demons, du corps, du sang & de la vie des innocens, & de
l’ame de vostre Majesté.

Ie ne doute point, Madame, que ces paroles ne vous touchent ;
je sçay que vostre Majesté ne les pourra lire sans fremir, & qu’elles
luy glaceront le cœur : mais la preuue luy en fera connoistre la
verité, à la confusion de ces faux Prophetes ; à la gloire de Dieu ;
au bien du Roy, & de ses sujets, & à sa propre consolation. Les
Parisiens, dit-on, sont rebelles, il les faut punir, & les exterminer ; il
n’y a point de peché, au contraire il y a obligation, a fin de maintenir
l’authorité du Roy, à quoy vostre Majesté s’est engagée par
serment, lots qu’elle a accepté la Regence. Ainsi, Madame, s’ils
sont rebelles, vous auez raison ; mais s’ils ne sont point rebelles,
mais au contraire fideles Sujets & seruiteurs, il faut que vostre

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Anonyme [1649], DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_871. Cote locale : C_7_3.