à la Royauté, au recit de l’Escriture, estoit de
pur yuoire, comme d’vn or tres-éclatant. On y montoit
par six degrez, lesquels estoient soustenus de costé
& d’autre par douze petits Lions : & le mesme Thrône
estoit appuyé sur deux balustres, que quatre autres
Lions soustenoient aussi. Assuerus en auoit vn qui
estoit tres-magnifique ; & les Historiens Ecclesiastiques
en parlent comme d’vne piece, où l’art auoit employé
toutes ses industries, pour la rendre parfaite &
accomplie.

Les anciens Monarques, SIRE, instruits dans la
vanité du siecle, & parmy les apparences d’vne grandeur
imaginaire, auoient des passions extremes pour
se faire éleuer des Thrônes qui donnassent de la crainte
& du respect à leurs vassaux : ils ne rendoient iamais
aucune Iustice, qu’ils ne fussent assis dedans ; ils ne
donnoient non plus aucune audiance, ny aux Ambassadeurs,
ny à leurs Sujets, que dans leurs Thrônes,
& ne terminoient, ny determinoient d’aucunes affaires
importantes à l’Estat, qu’en ce lieu mesme, qu’ils
appelloient leur lict de Iustice, le Siege de leur
Royauté, la marque de leur puissance, & l’image de
leur souueraineté. Ainsi lors que Moyse, par l’exprés
commandement de Dieu, aborda Pharaon pour luy
dire, qu’il mist son peuple en liberté, & que son amour
ne pouuoit souffrir dauantage qu’il demeurast plus
long-temps sous la tyrannie d’vn esclauage insupportable :
il le trouua assis dans vn magnifique Thrône,
enuironné de mille satellites, qui gardoient la personne
du Roy, & qui en empeschoient l’abord à ceux
que sa Majesté ne desiroit pas voir. Artaxerxes estoit
fi accoustumé à ne point paroistre en public autrement
qu’assis dedans son Thrône, qu’il en faisoit transporter
vn par tout où il alloit ; & dans les armées mesmes il
ne tenoit aucun conseil de guerre, que sa Majesté ne
fust montée en vn lieu eminent, écarté neantmoins