Anonyme [1652], LA CRISE DE MAZARIN SVR SON A DIEV A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_848. Cote locale : B_12_3.
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que les afflictions de mon esprit ny le changement de
ma fortune, ny la grandeur de mes mal-heurs n’esmeuuent en
aucune façon la bonté de vos sentimens, puis que celuy qui
n’a point eu de bonté non plus pour les Citoyens, que pour
l’Estranger, pour vos Sujects que pour leurs ennemis, n’est
pas digne de receuoir les effects d’aucun pardon.

 

Ne portez pas le cœur de vostre jeune Roy à la vengeance
des plaintes du peuple, sous pretexte de quelque sousleuement
de peur que la candeur de son innocence & la pureté de son
âge ne viennent à estre ternie par le support qu’il donneroit
à mes demerites qui n’attendent que le chastiment. Permettez
encor ma persecution à vostre peuple qui n’a que trop
de patience pour tolerer la violence & l’iniustice de mon gouuernement ;
& si tous les hommes doiuent abhorrer combien
plus deurois-je auoir en horreur la tyrannie & la rigueur :
mes armes, mon nom, ma naissance, ma vie, mon grade, &
le rang que ie possede dans l’Eglise, que proteste, sinon la
protection des innocens, que professent-ils ; que la deffence
des Innocens, que professent-ils ; que la deffence des Peuples
& que recherchent-ils que la Iustice & l’obseruation des
Loix. Vn homme iniuste & violent se destruit soy-mesme sans
l’effort de ses ennemis : Le Ciel & la Terre coniurent sa ruine,
& Dieu le plus souuent escrases auec ses foudres ceux qui pretendent
de gouuerner les peuples sur les regles & la tyrannie
de leurs appetits.

Craignez, Madame (l’ire de Dieu comme ie l’apprendre,
& de vray) ie ne point d’autre motif que la colere qui aye peu
forcer vos peuples à prendre les armes pour la seureté de leur
ville, & soustenir vn Arrest tres-iuste donné contre moy.
Coyez, Madame, que l’indignation de Dieu, a seruy seul
d’instigatrice aux resolutions des Assemblées de vostre Parlement.
C’est la mesme colere de Dieu qui a osté la raison à
mon entendement, afin que ie tombasse de moy-mesme dans
vn precipice, sans ressource dans la honte d’vne infamie immortelle ;
& Dieu vueille par sa grace que ce ne soit point entre
les bras de la mort. Il est visibles qu’aucune puissance, hors
de la diuine, ne pouuoit & n’eust osé choquer n’y esbranler

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Anonyme [1652], LA CRISE DE MAZARIN SVR SON A DIEV A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_848. Cote locale : B_12_3.