Louis (XIV) de Bourbon [signé] [1650], LETTRE D’AVIS, Ou les sentiments de son Altesse Monseigneur le Prince, à Monsieur le Mareschal de Turennes. , françaisRéférence RIM : M0_1843. Cote locale : A_9_31.
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sa derision n’a pas moins ruïné la France. Sa Bibliotheque
doublement acheptée, par laquelle il pretend
estre au rang des hommes Illustres, couste plus de
pistoles qu’il n’y a de lignes dans tous les Tomes
qui la composent : Ie n’ay pû souffrir cette vaine
gloire, sans luy representer en plusieurs rencontres
l’invtilité d’vne telle dépense, à quoy il ne m’a iamais
respondu autre chose, sinon, La France en
heritera : Cependant c’estoit à luy vne faute de iugement,
qui luy estoit tres-commune de faire telles
emplettes hors du Royaume, & en vn temps où les
plus aisez avoient peine à viure : imprudence qui ne
se commit iamais par le grand Armand, & qui n’a
iamais fait gemir soubs son ministere, le second, ny
le tiers Estat, quoy que pendant sondit ministere on
ait fait la guerre auec plus de combattans, & plus de
succez : qu’il a fait bastir à ses despens vne ville, deux
fameuses Eglises, vn Palais Royal, vne ruë, vne porte
à la ville de Paris. D’où proviennent donc toutes
les calamitez publiques, que du mauvais gouvernement
du Cardinal Mazarin, dans lequel ie comprends
mille & mille pensions qu’il paye sous main
à des refugiez de Cicile comme luy, à des machichineurs,
à des Trivelins, & frustrer ceux qui servent
le Roy & l’Estat ? Enfin l’on peut dire que le
le grand Armand a eu le mesme dessein dans l’eslection
du Cardinalat, que Cesar Auguste pour son
successeur à l’Empire, puis qu’il prefera Tibere à
Germanicus, afin qu’apres sa mort par le mauvais
gouvernement de Tibere, qu’il connoissoit plus
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Louis (XIV) de Bourbon [signé] [1650], LETTRE D’AVIS, Ou les sentiments de son Altesse Monseigneur le Prince, à Monsieur le Mareschal de Turennes. , françaisRéférence RIM : M0_1843. Cote locale : A_9_31.