La Colombière, Marc de Vulson de [?] [1649 [?]], RAISONS D’ESTAT, Contre le Ministere Estranger. , françaisRéférence RIM : M0_2962. Cote locale : A_8_30.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 7 --

du peuple, ny contre la ialousie des grands, si premierement
il ne se fortifie de gardes, s’il ne dispose des meilleures places,
s’il ne change les Magistrats, s’il n’engloutit les charges seculieres
& les dignitez Ecclesiastiques, s’il n’arrache les Citoyens de
leur bien, & s’il ne leur oste le credit, pour donner tous les deux à
des estrangers : si en vn mot, il ne se fait diuerses creatures, pour
l’agrandissement desquels il faut abaisser tout le reste, & ces
moyens sont insupportables au peuple.

 

3. raison

Enfin, c’est vne chose honteuse à vn peuple, qui ne manque pas
de personnes capables du Ministere, de se voir soumis à vn Estranger.
C’est pourquoy, comme lors que cette eslection vient du peuple,
elle luy est des-auantageuse : parce que c’est vne marque de
sa lascheté & de son ingratitude, puis qu’il ayme mieux se soumettre
à vn Estranger, qu’à vn de ses Concitoyens. De mesme lors que
le choix d’vn Estranger pour Ministre, vient de la volonté du Prince,
il est honteux à celuy qui le fait, & au peuple qui le souffre :
parce que c’est vne marque presqu’infaillible, que dans tout l’Estat
il n’y a point d’hommes assez intelligens pour s’en bien acquitter.
Ce qui est la plus miserable condition, & du Prince, & du peuple,
dans laquelle il les puissent trouuer. Et les Scythes, quoy que barbares,
l’ont si bien recognu, que mesmes ils ne s’en pûrent taire,
estans en la puissance du grand Alexandre. Bien que tu sois, luy dirent-ils,
plus fort que tous les autres : toutefois souuiens-toy que personne
ne veut souffrir la domination des Estrangers, comme le remarque Herodote
en son liure 6.

Conclusion.

Page précédent(e)

Page suivant(e)


La Colombière, Marc de Vulson de [?] [1649 [?]], RAISONS D’ESTAT, Contre le Ministere Estranger. , françaisRéférence RIM : M0_2962. Cote locale : A_8_30.