Bourbon-Condé, Anne-Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650], MANIFESTE DE MADAME LA DVCHESSE DE LONGVEVILLE. , françaisRéférence RIM : M0_2363. Cote locale : A_9_18.
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Madame ma belle Sœur s’est retirée avec un danger
extreme, qu’une mesme fuitte a sauvé mõ Neveu,
que son enfance n’eust pas garãty. I’y ay sçeu
que des gens de qualité sont menaçez de l’exil,
pour avoir deploré nostre infortune, que des femmes
de condition pour la mesme cause courent le
mesme danger, que pour ce méme sujet on a banni
des Religieux, on a fermé la bouche aux Evesques,
que nostre amitié fait un crime, que la pitié qu’on
a de nos maux est punie comme une meschanceté,
que les prisons sont pleines de nos domestiques, &
qu’en fin la barbarie du Cardinal Mazarin se porte
contre nous à un tel excez, que ne se trouvant
point dans les histoires d’exemple d’une plus grande
innocence que la nostre. Il ne s’y en treuve
point d’une plus grande fureur que celle qu’il exerce
en nostre endroit. En un tel estat cognoissant
que la douceur ne fait qu’irriter sa Tyrannie,
& voyant que nostre perte estoit inevitable si je
ne m’y opposois, considerant de plus que la Monarchie
ne souffre pas moins que nostre Maison,
que la foy publique des declarations est violée,
que l’on renverse l’autorité des loix, que les charges
de la Couronne, & les Gouvernemens des
places & des Provinces, qu’on devroit donner au
seul merite, deviennent le prix de nostre Sang, &
la recompẽse du detestable forfait de ceux qui par
l’espoir de ces recompenses ayant renoncé à leur
honneur, & devoüé leur conscience aux lasches
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Bourbon-Condé, Anne-Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650], MANIFESTE DE MADAME LA DVCHESSE DE LONGVEVILLE. , françaisRéférence RIM : M0_2363. Cote locale : A_9_18.