Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.
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pussent entendre. S’estans alors assemblez tous trois, & Monsieur mon
mary auec Monsieur Dauaux opinans à signer le Traitté sur l’heure mesme,
Monsieur Seruien qui auoit repris ses esprits, & qui voulant à quelque
prix que ce fust remedier à la faute qu’il venoit de faire, contre les intentions
du Cardinal Mazarin, se resoluoit de tout troubler & de tout
perdre, plustost que de donner les mains à la signature de la Paix : ne
voyant d’ailleurs aucun lieu de resister ouuertemẽt au consentement qu’il
auoit apporté luy-mesme, mesla les menaces du Cardinal Mazarin & les
commandemens de la Reyne ; opiniastra & fit resoudre qu’on prendroit
ce soir là pour songer serieusement à accepter cét offre, & qu’on en donneroit
la responce le iour suiuant. Messieurs les Plenipotentiaires des
Estats, faschez de s’estre découuerts à vn homme qu’ils iugeoient bien
qu’il les trompoit, & murmurans d’vne responce si peu attenduë : eux
qui croyoient que nous leur deuions rendre graces des auantages qu’ils
nous auoient procurez, de conclure la Paix par cette fin glorieuse, se retirerent
auec indignation. Le soir Monsieur Seruien malgré les efforts de
Monsieur mon mary & de Monsieur Dauaux, continuant dans son dessein,
tantost representant la grandeur de cét affaire, tantost le respect que
l’on deuoit à la Reyne, qui seroit irritée si on l’acheuoit sans sa participation ;
tantost la crainte de faillir & de déplaire, tantost la peur de la punition
& de la perte, emporta qu’on en escriroit à la Cour : Et qu’on prieroit
cependant Messieurs les Plenipotentiaires des Estats d’attendre encore
quinze iours à signer leur Traitté. Le lendemain on leur dit cette responce,
ils la refuserent, ils s’en pleignirent par tout, ils nous accuserent
d’estre ennemis de la Paix, ils attirerent sur nostre. Nation la hayne de
toutes les autres. Les Espagnols cependant iugeant bien que si le Duc de
Lorraine venoit à sçauoir qu’ils l’auoient abandonné, il se porteroit peut-estre
contre eux à quelque fascheuse resolution. Declarerent, que puis
que nous n’auions pas sur le champ accepté l’offre qu’ils nous auoient
faite touchant le Duc de Lorraine, ce qui auroit osté à ce Prince, sinon
les sujets de s’en plaindre, au moins les moyens de s’en ressentir ; ils ne
vouloient plus accorder la démolition de Nancy : Et Monsieur Seruien
au mesme instãt prenant son temps, pour rebroüiller entierement les affaires,
insista que la condition de cette démolition manquant, il n’estoit plus
besoin d’escrire à la Cour. Neãtmoins Mõsieur mon mary & Mõsieur Dauaux
estant tousiours demeurez dans la resolution de ce faire, & quelques
vns des Plenipotentiaires des Estats ayant soubs main fait sçauoir qu’on
suspendoit la signature de leur Traitté iusques à la responce. On dépescha
à la Cour, mais les lettres furent foibles : Monsieur Seruien ayant employé
toute son adresse à les rendre telles, afin qu’il fust plus facile au Cardinal
Mazarin de les eluder ; & qu’ayant plus d’apparence que de force
elles ne fissent aucun effet. Par cette voye le Cardinal Mazarin auerty du
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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.