Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.
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à nostre Armée d’vne façon qui estonna toute l’Allemagne, qui establit
nos quartiers d’hyuer au de là de ce fleuue, qui fit rompre la Neutralité à
la Landgraue de Hesse : C’est à dire qui remit nos affaires, qui sans ces
choses estoient ruïnées en ces pays-là. Soit enfin en trauaillant tant de
temps & auec tant de soing pour le repos de l’Europe, quoy que le Cardinal
Mazarin ayt trompé sa diligence & renuersé nos trauaux. Quant à ses
manquemens on ne l’accuse point d’auoir mal agy, si ce n’est depuis la
derniere Declaration. On veut que depuis ce temps-là il ayt fomenté le
trouble dans son Gouuernement. Au contraire, il a trauaillé autant qu’il a
pû pour en éloigner les troubles : & fait contribuer par la Normandie
cent mil escus aux coffres du Roy pendant le quartier d’hyuer. On l’accuse
d’auoir mis les charges de cette Prouince entre les mains de ses proches,
ou de ses domestiques. Les vns ny les autres n’ont point donné de lieu à la
Cour de se pleindre d’eux. Le sieur de la Croisette a traitté seul de la charge
de Bailly de Caën, Monsieur mon mary estant à Munster. On n’a encore
fait aucune fonction de celle de Roüen qui a esté bien payée : bien loing
d’auoir voulu mal-traitter ceux qui d’entre Messieurs du Parlement de
Normandie auoient suiuy le mauuais Party, & soustenu la cause du Cardinal
Mazarin. Il n’y en a pas vn qui se puisse plaindre qu’on luy ayt seulement
dit vne parole fascheuse. I’ay respondu aux accusations du Pont de
l’Arche : de nos Conseils de famille, & de l’affaire du Havre : dont la premiere
est iniuste, la seconde iniurieuse, la derniere ne nous touche point.
Et il ne reste rien à expliquer, sinon ce qui se passa au Pont de l’Arche,
lors que les Gens-d’armes & les Cheuaux-legers de sa Majesté y furent
loger, Monsieur le Cheualier du Guet qui conduisoit ses Compagnies, &
qui portoit les ordres pour leurs logemens, en estant absent lors qu’elles
se presenterent aux portes, on les refusa : Si tost qu’il les eut jointes &
qu’il eut monstré son ordre, on y obeyt, elles furent logées, & receurent
le meilleur traittement qu’il fut possible. Si le Gouuerneur en auoit vsé
autrement, il auroit manqué en son deuoir ; il n’auroit pas bien fait sa
charge. Toutesfois, MESSIEVRS, c’est cela qu’on appelle vn acte de
Souueraineté : & pour cela nos domestiques nous nomment Ducs de Normandie.
S’il s’en estoit trouué quelqu’vn capable d’vne telle impertinence,
nous l’aurions chassé comme vn fol, mais non pas comme vn meschant.
Certes il faut que le Cardinal Mazarin manque bien de choses solides
à nous reprocher, puis qu’il s’amuse à celles-cy. Car quant ie luy aurois
accordé que la passion ou la flatterie de ces gens auroit passé toutes
bornes, pour cela en serions nous plus coupables ? Si nous estions obligé
de croire ce que l’amitié de ces personnes leur fait souuent dire de leurs
Maistres, nous serions obligez d’estimer le Cardinal Mazarin vn fort
grand personnage, luy qui est le dernier des hommes : Encore qu’il y ait
peu de ses domestiques qui parlent ainsi de luy, & que presque tous les
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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.