Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.
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sommairement les principaux poincts de ces deux affaires, & de voir
en passant leurs causes & leurs progrez, afin d’en remarquer mieux la difference :
& de conclurre qu’il a esté besoin d’y apporter des remedes opposez.
Le Semestre qu’on auoit voulu establir dans le Parlement d’Aix, ayant
jetté des semences de diuision entre les anciens Officiers & Monsieur le
Comte d’Alais Gouuerneur de la Prouince qui soustenoit les nouueaux,
cette mes-intelligence s’estoit tousiours nourrie entr’eux, les negociations
où les Prouinciaux sont fort enclins, & l’incertitude de l’humeur qui est
le deffaut ordinaire de ce païs, auroient tenu fort long-temps les choses
indecises. Cependant les troubles de Paris estans suruenus, & la discorde
s’estant augmentée en Prouence par les soubçons & les deffiances que tout
le monde prenoit alors. Le peuple se sousleua dans Aix : & sans aucune raison
arresta Monsieur le Comte d’Alais, & fit prisonnier auec luy le Duc de
Richelieu qui passoir par cette ville pour venir à la Cour. Aussi-tost ceux
d’Aix escriuent à Marseille, à Arles, aux autres lieux, les solicitent de s’vnir
auec eux taschant de sousleuer la Prouince. S’ils faisoient cette entreprise
pour ayder à chasser le Cardinal Mazarin, j’auouë qu’en cela ils
auoient raison : si c’estoit pour persecuter vn Prince qui auoit peut-estre
choqué leurs interests particuliers, ils meritent beaucoup de blasme. Cependant
comme ces gens sont remuans & spirituels, ils donnerent charge
au Deputé qu’ils tenoient à Paris de magnifier leur action, ils enuoyerent
en mesme temps à la Cour pour se seruir de l’occasion, & pour y accommoder
leurs affaires : Mais comme ils virent que les autres villes de la Prouince
estoient calmes, & refusoient de s’interesser dans vne querelle particuliere,
& qu’ils eurent apris que les troubles de Paris inclinoient à la concorde,
comme ils sont souples & qu’ils sçauent s’accommoder au temps,
ils retirerent leur Deputé de Paris, & se jetterent tout à fait à negotier
auec la Cour. Ce fut lors que l’on publia la Declaration & que l’on posa
les armes, chacun croyoit aisément que le Parlement de Prouence suiuroit
vostre exemple, & celuy de tout le Royaume, qui estoit presque tranquille.
La Cour mesme auoit assez d’inclination à les satisfaire ; mais soit que
cette Compagnie esperast en demeurant ferme rendre ses affaires meilleures
pendant que l’agitation de l’Estat n’estoit pas encore tout à fait cessée ;
soit qu’elle iugeast qu’elle auroit l’Esté libre pour obtenir ses pretensions
par le besoin où l’on se trouuoit, d’opposer toutes les troupes, desia foibles
& harrassées, aux forces d’Espagne, soit que connoissant l’esprit vaillant du
Cardinal Mazarin, elle crust qu’en l’entretenant de moyens & d’esperãces
de terminer ses differends, elle en peust éloigner la conclusion & en demeurer
la maistresse ; continuant tousiours à negotier auec la Cour, elle
obligea la ville d’Aix à reprendre les armes. Or Monsieur mon frere qui
voyoit biẽ, que si le Cardinal Mazarin entreprenoit cette affaire, elle yroit
en vne extreme longueur : qui sçauoit que ce Ministre haïssoit Monsieur
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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.