Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.
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seruiteurs du Roy, qu’il ait voulu gagner ceux qui gardent sa personne,
qu’il ait exigé des sermens contraires au bien de l’Estat, des gens qui luy
offroient leur amitié. Sur le premier point, ie dis simplement qu’on n’en
peut soupçonner vn Prince qui a signalé sa fidelité par tant d’actions, &
qui s’est tousiours resigné aux volontez de la Reyne, parce qu’il en est accusé
par vn estranger, conuaincu d’auoir trahy toute sa vie les interests de la
France. Quant au second, qui ne voit pas que si Monsieur mon frere auoit
eu ce dessein, il pouuoit s’acquerir facilement les Capitaines des Gardes,
en sollicitant & faisant reüssir leur restablissement à la Cour. La conjoncture
estoit belle, il y auoit trois ans qu’ils pâtissoient sans sujet, il n’y
auoit rien de plus iuste & rien de plus honneste que de les r’appeller à la
Cour : rien que ce Prince eust souhaitté dauantage. Il en estoit pressé par
quantité de gens de condition : leurs parens ses amis, pour qui il eust voulu
tout faire : & neantmoins comme il voyoit bien que cela choquoit l’humeur
de la Reyne, il ne l’a iamais tenté. Et cela estant ainsi, qui osera (à
moins que d’estre aussi effronté que nostre ennemy) mettre au iour vne
telle fausseté ? Sur le troisiesme point ie confesse qu’il est vray que lors que
Monsieur le Prince voulut chasser le Cardinal Mazarin, il exigea de Monsieur
de Beaufort vne asseurance de ne se point separer de ses interests, &
j’ose dire que la France en seroit deliurée si Monsieur de Beaufort y eust
voulu consentir. Mais soit que songeant à ses establissemens, il creust pouuoir
tirer plus d’auantage de la foiblesse, & de la peur du Cardinal Mazarin
en le laissant à la Cour, ou bien qu’il jettast dés lors les fondemens de
l’estroite amitié qu’il a depuis contractée si solemnellement auec ce Ministre ;
il ne voulut pas participer à la gloire d’auoir voulu deliurer la
France de cette pesté publique, dont il se declare à present le Protecteur
auec l’estonnement de tout le monde, & qu’il luy a desia payé ses premiers
deuoirs des droits d’ancrage, qui vacquoient par la mort de Monsieur le
Mareschal de Brezé. C’est là le seul serment que Monsieur mon frere a
exigé, & cela seulement contre le Cardinal Mazarin ce que ie ne mets pas
au nombre des choses qui ont besoin qu’on les excuse : mais bien parmy
les actions glorieuses & qui meritent d’estre celebrées.

 

En cét endroit, MESSIEVRS, remarquez ie vous supplie, comme
presque tout ce que l’on objecte à Monsieur le Prince, se rapporte au Cardinal
Mazarin : & par là jugez encore combien j’ay de raison de respondre
à cette Lettre comme estant toute de luy, & n’y ayant quasi rien où il n’ait
tout seul interest. Qu’ainsi ne soit, ce qu’il dit de la difference qu’il pretend
que Monsieur mon frere ait faite de ceux qu’il presentoit pour les emplois,
à tous les autres, est vne chose qui regarde simplement ce Ministre,
à laquelle Monsieur mon frere n’a point de part, & dont voicy l’explication.
Pendant la guerre de Paris le Cardinal Mazarin fit arrester le Mareschal
de Rantzau, à dessein de luy oster Dunkerque, car jusques icy son

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.