Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.
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donnée. Mais on sçait bien que dés le temps du feu Roy, le Breuet en fut
accordé à Monsieur le Mareschal de Chastillon, & que deslors le Cardinal
de Richelieu le pressa de se faire receuoir. On sçait encore que parce
qu’il souhaittoit que Monsieur de la Meilleraye qu’il vouloit éleuer à ce
grade passast le premier. Monsieur de Chastillon n’y ayant pû consentir,
l’affaire demeura sans s’acheuer, en vne saison où l’authorité du Roy l’auroit
entierement consommée. Monsieur son fils qui auoit desia rendu de
fort grands seruices, & dont la maison estoit des plus grandes du Royaume :
de la mesme sorte qu’on a fait Monsieur le Mareschal de Gramont, &
Monsieur le Marquis de Vitry apres la mort de Messieurs leurs peres. Et
l’on luy a conserué son rang lors que la Reyne en accordoit vn semblable à
Messieurs d’Estrée, de la Meilleraye, de Lyancourt & de Tresmes. Voila
quels sont ces Breuets de Ducs, & la part que Monsieur mon frere y
prend.

 

Pour les Abbayes, l’affaire de l’Abbé de Grace, qui est la seule que
Monsieur le Prince ait entreprise, qui a duré deux ans, & qui n’est pas
encore concluë, fait assez cognoistre que les benefices n’ont pas enrichy
les siens. Et quant aux Eueschez, on ne peut citer que l’Archeuesché de
Bourges, qu’on a donné à Monsieur l’Abbé de Memacq, encore ne sçay-je
si le droit de la nomination n’auoit point esté accordé auec le Gouuernement
de Berry à feu Monsieur mon pere, qui y presenta deux ou trois Archeuesques,
& que Monsieur mon frere ne se fust point seruy de ce priuilege
en faueur de son Cousin. Ie ne sçay, dis je, si les alliances, ny la grandeur,
ny l’antiquité de la maison de Vantadour, ny le long-temps que
Monsieur l’Abbé de Memacq auoit passé à la Cour sans benefices, ny l’amitié
particuliere qu’il entretenoit auec le Cardinal Mazarin, & qu’il y
cultiue encore, l’eussent fait entrer en cette place, apres en auoir veu remplir
quantité d’autres qui luy auoient esté promises par ce Ministre
trompeur.

Acheuons ce qui reste à descouurir de ses mensonges sur les emplois de
guerre & sur les Gouuernemens. Pour les premiers ie ne sçay pas qui il
pretend designer, & ie ne voy pas mesme qu’en cela Monsieur mon frere
ayt rien fait d’extraordinaire. Car enfin s’il veut dire qu’il a recommandé
le merite de ceux qui ont seruy auec luy, il en a vsé comme tous les autres
Generaux ont accoustumé de faire, tousiours ie suis asseurée que pas vn
homme n’a esté porté aux emplois par sa faueur, ou par sa recommandation
qui ne les eust meritez par ses seruices. Ie dirois le mesme des Gouuerneurs ;
mais icy Monsieur mon frere a plustost à se plaindre qu’à s’excuser ;
Et le Cardinal Mazarin est fort peu iudicieux de conclurre l’enumeration
des biens-faits qu’il a reçeus, par vne offense qu’il luy a faite. Il est certain
que Monsieur mon frere souhaittoit passionnément de mettre Monsieur
de Chastillon dans Ypre, il l’en trouuoit digne par toutes sortes de raisons,

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.