Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN AVEC LE GAZETIER, Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : C_1_19.
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pourtant, que c’est vous qui auez tousiours trauersé les moyens
pour y paruenir, & qui estes la seule cause qu’elle n’est pas faicte,
il y a plus de trois ans, au grand mal-heur de toute l’Europe. Et
outre l’interest general, (qui pourtant ne me touche pas beaucoup,
d’autant que pour vne gazette en temps de paix, i’en fais six en
temps de guerre, quand ce ne seroit que pour des defaites imaginaires,)
le mien particulier y est engagé par celuy de mon honneur,
que ie perdrois encor tous les iours, si ie ne l’auois tout perdu il
y a long-temps, par les insignes, mais detestables menteries dont
i’ay endormy le peuple, en disant que vous demandiez la paix, &
que l’Espagnol par son arrogance naturelle la refusoit : au lieu qu’il
la demandoit, comme il fait encore, auec des humiliations indignes
de sa grauité, & que c’est vous qui par vne tyrannie autant
sourcilleuse que Sicilienne, l’auez tousiours empeschée, & l’empecschez
encore. Vous sçauez bien, outre les gazettes qui m’auroient
fait rougir, si i’auois eu de la pudeur, & si ie n’estois plus
docte en effronterie qu’en Medecine, la querelle que i’ay euë à
demesler sur ce sujet, auec le gazetier de Cologne ? N’estoit-ce pas le
fort de son ataque, de dire que vous esloignez la paix ? & le prouuoit
si fortement, parce que c’est la verité, & quelle preuaut tousiours sur
le mensonge, que i’ay esté vn an & demy à chercher de nouuelles
menteries, pour mettre la reputation de vostre Eminence, & la
mienne à couuert, qui sont à present souz la presse, & verront
bien-tost le iour, & que ie datteray de mil six cens vingt-huict,
affin de mieux couurir mon jeu, & où ie suis contraint de renoncer
au mariage, & faire passer mes enfans pour bastards, en disant
que ie ne fais plus de gazettes : que pour ma race leur inuention
a commencé & finy en moy, & que ce n’est à present que
l’employ des Commis, quoy que ce soit mes enfans qui les composent
& les corrigent. Mais laissons mon interest à part : ne parlons
plus que du vostre. Le peuple n’en peut plus, vous le sçauez. La
guerre & vous l’ont épuisé, vous le sçauez encor mieux. Il ne respire
que la paix, vous n’en doutez pas. Vous estes seul cause qu’elle
n’est pas faicte, tout le monde le sçait aussi bien que nous deux.
Vous estes la haine du peuple, l’auersion des Magistrats, la risée
des Courtisans, & le jouët des Princes, vous le voyez. Voules-vous
vn remede à tous ces maux ? Dites le bon mot à la Reyne, sans fourbe
& sans equiuoque, qu’elle fasse la paix. Apres celuy-là n’en
cherchez point d’autre.

 

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN AVEC LE GAZETIER, Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : C_1_19.